Blois : Prison avec sursis requis contre une « Mère-porteuse » accusée d’avoir escroqué des couples homosexuels

Aurore, Mère-porteuse, activité absolument interdite en France où la Gestation pour autrui (GPA) est illégale, a été jugée mardi soir par le tribunal correctionnel de Blois qui rendra son jugement le 22 mars.

La jeune femme de 37 ans, originaire de Vendôme (Loir-et-Cher), qui se présentait sous l’euphémisme de « nounou prénatale », est accusée d’avoir escroqué deux couples homosexuels.

En 2008, alors qu’elle a déjà quatre enfants, elle a préféré « remettre son cinquième nouveau-né, non voulu », à un couple de Parisiens, sans contrepartie financière.
Mais cette première expérience l’a poussée à proposer ensuite ses services de mère porteuse pour une dizaine de milliers d’euros sous les pseudonymes « d’ange sincère » ou de « petite cigogne » sur un site internet. En août 2009, un couple anglais se montre intéressé mais les tentatives d’insémination artisanale avec le sperme du mari sont un échec. L’année suivante, elle répond à l’annonce d’un couple homosexuel de Loire-Atlantique et accepte de porter leur enfant en échange de 15.000 euros.

L’accouchement est prévu le 21 mars 2011, à Saint-Nazaire mais elle n’est pas au rendez-vous et envoie un texto au couple en prétendant que l’enfant est mort-né. En réalité, le nouveau-né, un garçon, est en parfaite santé et a été confié à un autre couple homosexuel résidant au Luxembourg, à qui elle avait aussi « promis » l’enfant pour une dizaine de milliers d’euros.

En 2012, elle promet encore un bébé à un couple homosexuel pour 15.000 euros, mais après l’accouchement à la polyclinique, assurant que l’enfant est décédé, elle le remet finalement à un couple hétérosexuel de Seine-Maritime, qui lui aussi a payé sa prestation.
En 2013, au moment de son interpellation, elle était encore en contact avec trois autres couples. Elle a été mise en examen pour escroquerie et tentative d’escroquerie.

Aurore assure toutefois au tribunal qu’elle voulait « juste donner du bonheur ».

La jeune femme est décrite par les experts comme souffrant de « carences affectives et éducatives majeures », avec « une très faible estime d’elle ». « J’aurais préféré être adoptée par des parents qui m’auraient aimée comme j’étais », a-t-elle dit en fondant en larmes à l’audience.

Son avocat, Me Stéphane Rapin, a demandé la relaxe, tout comme ceux des quatre couples impliqués, poursuivis pour provocation à l’abandon d’enfants.
Le vice-procureur, Jean Demattéis, a requis contre la jeune femme un an de prison, dont neuf mois avec sursis, et 2.000 euros d’amende avec sursis contre chacun des quatre couples. Le sort des enfants confiés est suspendu à des procédures en cours.

La GPA existe ailleurs et ne va pas s’arrêter parce qu’on la refuse. Le risque d’une position simpliste favorise la commercialisation de l’humain, comme le démontre une nouvelle fois cette affaire. Dans l’intérêt des enfants et des mères porteuses, il est donc urgent de légiférer en France et de montrer l’exemple. Lorsqu’il s’agit de prendre acte de l’évolution de notre société, les libertés à conquérir sont toujours précédées d’incompréhensions, d’inquiétudes et de prophéties menaçantes. Le problème c’est que l’on fait couramment des amalgames entre des situations les plus opposées au plan moral, juridique, légal, éthique et donc humain. Des cas affreux existent de par le monde, c’est indéniable, et ils doivent être combattus avec la plus grande énergie. Mais, dans le cas d’une « GPA éthique », strictement encadrée, tant pour les parents demandeurs que pour la mère qui porte l’enfant, les droits de tous ceux dont le corps peut être source de profit seraient protégés.

stophomophobie.org
avec l’AFP