Après le «oui» irlandais : la coalition se divise en Allemagne autour du «mariage gay»

Ce Mercredi, le gouvernement d’Angela Merkel examinait un projet de loi élargissant les dispositions du «partenariat» qui existe déjà pour les couples du même sexe. Mais le oui irlandais au mariage homosexuel a redonné des arguments aux partisans de l’égalité complète. Pour la coalition CDU/CSU-SPD au pouvoir, il s’agit d’une nouvelle source de tension.

Pour les conservateurs, il n’est pas question d’aller plus loin que les propositions évoquées dans le contrat de coalition, signé à l’automne 2013 avec les sociaux démocrates. Le texte, âprement discuté, ne prévoit que de «corriger» les discriminations légales les plus flagrantes pour les couples homosexuels. Mais le mot mariage n’est pas mentionné. «Une égalité complète sera malheureusement difficilement réalisable», a commenté en début de semaine le ministre de la Justice SPD, Heiko Maas, sans cacher ses regrets.

Des voix demandent un référendum

Angela Merkel s’oppose fermement à l’extension du mariage. En 2013, elle avait formellement écarté l’idée de présenter un projet de loi instaurant le mariage gay ou le droit à l’adoption. Le débat semble clos. En début de semaine, le secrétaire général de la CDU Peter Tauber a éludé le sujet en expliquant que la CDU aussi «examinerait et discuterait» du résultat du référendum irlandais. Mais quelques personnalités du parti conservateur se sont toutefois montrées plus ouvertes, signe que le rapport de force évolue. Une partie de la CDU craint d’apparaître en décalage avec l’air du temps.

En attendant, l’Allemagne se contente d’un petit pas. Sur les quelque 150 différences entre le mariage et le partenariat ouvert aux homosexuels, seulement une vingtaine serait modifiée par le projet de loi présenté mercredi, par exemple pour obtenir des certificats de vie commune. «Ce n’est pas suffisant», a protesté l’opposition au Bundestag. «Le vote irlandais va accélérer l’égalité de traitement en Allemagne», a espéré l’une des leaders des Verts, la députée Katrin Göring-Eckart. Même le SPD a décidé d’accroître la pression sur la chancelière: quelques voix demandent un référendum. «En Allemagne aussi le peuple pourrait décider», a par exemple déclaré Nils Schmid, un élu du Bade Wurtemberg.

Le droit d’adopter figure au centre des revendications homosexuelles. Dans le contrat de coalition, il est prévu de mettre la législation «rapidement» en conformité avec l’arrêt la cour constitutionnelle de Karlsruhe, jugeant que les restrictions imposées aux homosexuels n’avaient pas lieu d’être. Mais sans plus de précision.