Alouen : La radio qui lutte contre toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des LGBT en Algérie

La communauté Lesbiennes, gays, bisexuels,transsexuels (LGBT) existe bel et bien en Algérie.  Elle dispose même d’une radio pour faire entendre sa voix et défendre ses droits. Pour comprendre son fonctionnement et son identité, nous sommes partis à la rencontre de ses animateurs.

Alouen est une association de jeunes algériens LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels). Elle se bat clandestinement pour améliorer la situation de la communauté LGBT en Algérie, du point de vue juridique par l’abolition des lois discriminatoires, ainsi que du point de vue social en œuvrant pour l’évolution des mentalités. Alouen lutte contre toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des LGBT, et effectue de le prévention contre le SIDA et les IST de manière spécifique auprès de la communauté LGBT. Elle contribue à l’épanouissement de la communauté au sein de la société algérienne en facilitant leur acceptation et leur intégration. Le 4 juillet dernier, Alouen a commencé à diffuser une série de podcasts téléchargeables sur le net sous l’appellation«Radio Alouen».

Pour rencontrer des initiateurs de la première radio LGBT en Algérie, il a d’abord, fallu montrer pâte blanche. Contactés par email, puis par Skype, ils nous ont finalement invité à assister à l’enregistrement de leur programme. Nous avons été surpris par les conditions dans lesquelles l’enregistrement se passe. Nous nous sommes donnés rendez-vous sur…Skype. Et oui, c’est sur Skype que Feriel, Fares et Ayoub animent leur émission, qu’ils enregistrent ensuite sur leur ordinateur. Mais plus encore, la question d’avoir un studio ou un local ne s’est jamais posée car leur association n’a pas de présence légale.

Le jour où nous avons assisté à l’enregistrement de l’émission, seuls Feriel et Fares étaient présents. Feriel était connectée de Constantine à partir de sa chambre, Farès également, de Batna. Sans que leurs colocataires ne s’en doutent, les animateurs étaient en train d’enregistrer une émission radio. Ils commencent par un briefing avant d’entamer l’enregistrement. Une fois tous les détails réglés, ils lancent l’enregistrement. Le thème de la  journée était le “ten ten”, la journée national des LGBT en Algérie, qui a lieu chaque année le 10 octobre (10/10) depuis 7 ans. L’édition de 2013 aura pour thème « le partage ». Les membres de la communauté LGBT en Algérie sont invités à allumer une bougie à 20 H précise et à partager la photo sur la page Facebook d’Alouen. Leur podcast, disponible en téléchargement libre et sur You-Tube dépasse les 350 vues et téléchargements chaque semaine. Cependant, en raison de la lenteur du débit internet en Algérie et du faible taux de pénétration d’internet dans les foyers, Alouen a du mal à élargir son audience, mais cela ne décourage pas les membres de cette association très particulière.

“Du moment où on milite pour une cause et que l’on est convaincu qu’elle est juste rien ne peut nous faire peur”, nous confie un membre. Pourtant, les lois 333 et 338 du code pénal algérien criminalisent l’homosexualité, et menacent constamment les membres de l’organisation. Ils la décrivent comme une épée de Damoclès sur leur tête. Heureusement, pour eux, ils n’ont pas encore eu de problème avec la justice car ils ne sont pas très médiatisés. L’association Alouen, grâce à sa Radio, vise à rapprocher les LGBT algériens et les sensibiliser. De plus, Radio Alouen rend la communauté LGBT visible sur le plan médiatique en Algérie, et leur donne une voix. Une voix discordante qui ne plaît guère à la majorité des algériens puisque l’homosexualité constitue toujours un sujet tabou et une tare qui attire les quolibets les plus vexatoires.

Par Beya O.
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