A trois contre le mariage pour tous La manif fait pschitt

Combien faut-il de manifestants pour faire une manifestation ? Réponse ce dimanche devant la mairie du village de Leyr : trois. Il suffit d’être trois à protester en chœur sur la voie publique pour quitter la catégorie du rassemblement entre amis et rallier celle, plus prestigieuse, de la manif politique. Ce petit nombre a en plus le mérite d’éviter les sempiternels débats sur l’évaluation de l’ampleur d’un mouvement de protestation. Les gendarmes sont passés devant la mairie de Leyr et ils ont bien compté trois personnes. Les manifestants se sont eux-mêmes comptés et ils arrivent au même chiffre. Un vrai miracle. Car si l’on y regarde de plus près, il n’était pas vraiment trois.

Il faut en effet ôter l’organisateur de la manif, Jean-Michel Chambran, retraité et conseiller municipal. On peut également soustraire sa femme qui l’a accompagné et qui est co-organisatrice. Et que faire du troisième homme ? C’est une connaissance du couple. Ils ont une passion commune pour les Citroën. C’est donc un ami ? « Non, je suis un manifestant », sourit l’homme, déterminé. Va donc pour un manifestant. Contre quoi, au fait ? Le projet de mariage pour tous. C’est le thème qui a poussé le couple Chambran et leur disciple à affronter le froid, la neige et la solitude un dimanche à 14 h.

« Mais nous n’avons rien contre les homosexuels. Il y en a un qui nous a servis à la crêperie où nous sommes allés manger à Nancy et il était charmant. Mais nous sommes contre le fait qu’ils puissent adopter des enfants », s’empresse de préciser Françoise Chambran. On peut ne pas être d’accord avec elle et son mari mais il faut leur reconnaître le courage de leurs opinions. Ce qui n’est pas le cas de la cinquantaine d’habitants du village qui ont signé leur pétition ces derniers jours et qui se sont débinés lorsqu’il s’est agi de manifester avec eux devant la mairie.

Le couple Chambran ne leur en veut même pas. Peu importe le fiasco de la manif. Ce qui compte, c’est d’être là. Même seuls. « Nous ne faisons pas de prosélytisme Nous ne voulons forcer la main de personne ».

Mais quand bien même ils auraient voulu le faire, dimanche, cela n’aurait pas été possible. Il n’y avait personne dans les rues. Aucun badaud à convertir. Pas grave. M. Chambran a quand même dégainé son appareil photo pour immortaliser sa femme et son manifestant devant la mairie. Avec des pancartes anti-mariage pour tous. Surréaliste.

source:estrepublicain.fr