Propos homophobes de l’évêque de Coire : La Conférence des évêques suisses prend position

Pour la première fois depuis la polémique déclenchée par les propos de l’évêque de Coire Vitus Huonder sur l’homosexualité, la Conférence des évêques suisses (CES) prend position :  L’Eglise «accueille tous les hommes indépendamment de leur orientation sexuelle» et doit «chercher des chemins pour exprimer cette conviction», affirme l’instance dans un communiqué jeudi.

La tempête remonte à une conférence catholique sur le mariage, le 31 juillet à Fulda en Allemagne, à laquelle Mgr Vitus Huonder était invité. Alors, face à un public d’hommes d’Eglise, il cite des versets du Lévitique, dont celui-ci: «Quand un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ce qu’ils font tous les deux est une abomination: ils seront mis à mort, leur sang retombera sur eux.»

Sous une pluie de réactions indignées, le prélat affirme d’abord que ses propos n’ont pas été compris. Mais les critiques ne se cantonnent pas aux milieux de défense des homosexuels. Dans les rangs de l’Eglise, plusieurs figures, telles que l’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr Charles Morerod, ou celui du diocèse de Saint-Gall, Mgr Markus Büchel, prennent publiquement leurs distances.

Bataille sur la famille

En arrière-fond se joue une bataille, au sein de la hiérarchie catholique, sur la posture à adopter au sujet de l’accueil dans l’Eglise des homosexuels, l’un des thèmes abordés par le synode sur la famille ouvert à Rome en octobre 2014. Une deuxième session doit se tenir cet automne. Dans le Blick, Mgr Vitus Huonder expliquait qu’il s’adressait, depuis Fulda, à ceux qui appellent de leurs vœux un «tournant pastoral» et qui souhaitent que l’Eglise se montre plus en phase avec son époque. L’évêque de Coire, traditionaliste, veut rappeler la radicalité des textes anciens sur l’homosexualité. La CES s’était abstenue de commentaire jusqu’ici, attendant d’en débattre. Dans son communiqué jeudi s’expriment les tenants d’une approche libérale. «Les textes anciens doivent être expliqués et replacés dans leur contexte, ou ne doivent pas être cités», souligne le porte-parole de la CES, Walter Müller.

«Nous espérons que ces paroles en faveur d’une ouverture seront suivies d’actes», souligne le président de la faîtière des organisations homosexuelles Pink Cross, Bastian Baumann. Trois plaintes contre Vitus Huonder pour provocation publique au crime ou à la violence sont encore en examen auprès du Ministère public de Coire.

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