Un couple chrétien du Massachusetts a vu sa licence de famille d’accueil retirée après avoir refusé d’appliquer une politique de non-discrimination envers les enfants LGBTQIA+, imposée par les services sociaux de l’État. L’affaire, désormais soutenue par des organisations conservatrices, ravive les tensions entre liberté religieuse et protection des droits des mineurs.
Lydia et Heath Marvin, habitants de Woburn et parents de trois adolescents, avaient accueilli huit nourrissons depuis 2020 dans le cadre du programme public de placement familial. Selon CBS, leur agrément a été suspendu en avril dernier après leur refus de signer l’engagement du Département des enfants et des familles (DCF), qui exige des familles d’accueil qu’elles respectent et affirment l’identité de genre et l’orientation sexuelle des enfants confiés.
Depuis 2022, cette directive prévoit notamment l’usage des prénoms et pronoms choisis par les enfants transgenres ou non binaires, ainsi qu’un cadre de vie exempt de toute forme de discrimination. Les Marvin ont refusé de s’y conformer, invoquant leurs convictions religieuses. Leur demande de dérogation ayant été rejetée, leur licence a été révoquée.
Le couple affirme que sa foi lui commande de « prendre soin des orphelins » sans pour autant « affirmer une identité de genre contraire à sa religion ». Il dénonce une atteinte à la liberté de conscience. Soutenu par l’Alliance Defending Freedom (ADF) et le Massachusetts Family Institute, deux groupes connus pour leurs positions anti-LGBTQIA+, il envisage une action en justice fédérale.
Les autorités du Massachusetts défendent de leur côté une politique centrée sur la sécurité et le bien-être des enfants. Le DCF souligne que l’État « ne peut confier un mineur à un foyer où son identité serait niée ou stigmatisée ». Les études montrent en effet que les jeunes LGBTQIA+ placés en famille d’accueil sont plus exposés aux risques de dépression et de fugue lorsqu’ils subissent le rejet ou la discrimination.
Aux États-Unis, plusieurs litiges comparables opposent des couples religieux à des agences publiques d’adoption ou de placement. En 2021, la Cour suprême avait rendu un arrêt favorable à une agence catholique de Philadelphie qui refusait d’accueillir des couples homosexuels comme familles d’accueil, au nom de la liberté religieuse. Depuis, les décisions divergent selon les États, creusant la fracture entre ceux qui privilégient la neutralité du service public et ceux qui accordent des exemptions pour motifs religieux.
Pour les défenseurs des droits LGBTQIA+, ces affaires traduisent une tentative de « réintroduire la discrimination sous couvert de foi ». L’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) rappelle que « la liberté religieuse n’inclut pas le droit de nuire à autrui, surtout à des enfants confiés à la protection de l’État ».

















