Briser le silence qui entoure l’homosexualité dans la musique classique : c’est le pari du pianiste français David Kadouch, qui présentera cette semaine à Toulouse son nouveau programme Amours interdites. À travers ce récital, il souhaite donner une visibilité à des compositeurs et compositrices longtemps contraints de cacher leurs amours et leur identité.
« J’ai le droit de le raconter », affirme le musicien dans un entretien accordé à La Dépêche du Midi. Pour lui, il ne s’agit pas de plaquer une lecture militante sur les partitions, mais de reconnaître que la vie intime des créateurs et créatrices a souvent marqué leurs œuvres, parfois sous forme de codes ou de dédicaces dissimulées.
Kadouch cite notamment Francis Poulenc, dont la relation avec Raymond Destouches transparaît dans certaines compositions, ou encore Ethel Smyth, pionnière du féminisme musical, qui a glissé dans ses œuvres les initiales de la femme qu’elle aimait. Impossible, selon lui, d’ignorer ces traces : « Les silences, les non-dits, les interdits de l’époque ont façonné leur musique. »
Le pianiste évoque également Tchaïkovski, contraint de masquer son homosexualité dans une Russie tsariste où elle était stigmatisée, ou encore des figures moins connues, mais tout aussi essentielles pour comprendre l’histoire de la création musicale.
Au-delà de la question LGBT+, Kadouch insiste sur la nécessité d’inclure des compositrices dans les récitals. « Je ne peux plus imaginer un programme sans elles », affirme-t-il, décrivant comme une « urgence artistique » la valorisation d’œuvres longtemps marginalisées.
Cette démarche s’inscrit dans un mouvement plus large qui, depuis quelques années, bouscule le répertoire classique en redonnant place aux artistes minorisés ou effacés par l’histoire officielle.
S’il reçoit parfois des réactions hostiles lorsqu’il aborde ces thèmes, David Kadouch dit surtout constater l’importance de cette parole pour un public qui se reconnaît dans ces récits. « Les réseaux permettent de partager ces histoires. On voit bien que cela touche les gens », souligne-t-il.
Son récital Amours interdites sera présenté le 24 septembre au cloître des Jacobins, dans le cadre du festival Piano aux Jacobins à Toulouse.











