États-Unis : la majorité des lois « anti-trans » échouent à passer

Depuis le début de l’année, les États-Unis font face à une offensive législative massive visant les droits des personnes transgenres. Encouragés par le retour de Donald Trump à la présidence en janvier, des élus conservateurs ont multiplié les propositions de lois restrictives dans presque tous les États du pays. Mais une large majorité de ces textes n’ont pas été adoptés.

Selon les données de l’organisme indépendant Trans Legislation Tracker, 647 projets de lois anti-trans ont ainsi échoué à passer en 2025, contre 120 effectivement votés.

Des lois visant les soins, les écoles, les papiers d’identité

Les textes déposés visent à limiter l’accès aux soins médicaux liés à la transition de genre, interdire aux élèves trans l’accès aux toilettes ou aux équipes sportives correspondant à leur genre, restreindre les changements d’état civil ou interdire les drapeaux arc-en-ciel dans les écoles. Au total, près d’un millier de projets recensés dans 49 États (à l’exception du Vermont) en quelques mois.

« Jamais nous n’avions vu une telle vague de textes ciblant aussi directement une population déjà marginalisée », s’alarme Chase Strangio, avocat pour l’American Civil Liberties Union (ACLU), l’une des principales organisations de défense des libertés civiles aux États-Unis. « Mais ce qui est encourageant, c’est que beaucoup de ces lois ne résistent pas à l’examen des faits ou de la Constitution. »

Une résistance politique, juridique et citoyenne

Ce chiffre masque cependant un revers majeur pour les partisans de ces lois : plus de 600 d’entre elles ont échoué à passer. Dans certains cas, des gouverneurs ont opposé leur veto, estimant les textes inconstitutionnels. Dans d’autres, des élus modérés, y compris républicains, ont bloqué les mesures les plus radicales.

En Caroline du Nord, un projet de loi supprimant les politiques de diversité à l’université a été abandonné après une forte mobilisation étudiante. Au Montana, des élus des deux bords ont fait cause commune contre un texte interdisant l’accès aux toilettes selon l’identité de genre.

Plusieurs textes votés font également l’objet de recours devant les tribunaux, notamment ceux limitant les soins médicaux pour les personnes transgenres incarcérées ou les mineurs.

Des victoires fragiles

Si ces revers législatifs représentent une forme de victoire, le climat reste tendu. Le simple fait que ces projets soient proposés a des conséquences. « Même si une loi ne passe pas, elle fait du mal. Elle renforce les discours haineux et crée de la peur », déplore Alejandra Carrión, militante trans au Texas.

De leur côté, les soutiens de ces projets avancent des arguments de protection des mineurs, de liberté religieuse ou de respect des normes biologiques, dans un vocabulaire souvent chargé idéologiquement. Mais pour beaucoup, il s’agit surtout d’une stratégie politique, visant à mobiliser les électeurs les plus conservateurs.

Un signal pour l’international

Cette dynamique américaine n’est pas sans conséquence. En Europe comme ailleurs, des gouvernements populistes s’inspirent ouvertement de ces stratégies pour proposer des textes similaires. Pour Human Rights Watch, cela confirme que les droits des minorités de genre sont aujourd’hui une cible mondiale.

« Ce n’est pas qu’un enjeu américain. C’est un combat global pour la dignité humaine », affirme Noah Emmerich, juriste à l’ONG. « Et il appelle à une vigilance constante. »

Ce qu’il faut retenir

  • 953 projets de lois anti-trans déposés aux États-Unis entre janvier et juillet 2025
  • 647 ont été rejetés ou bloqués
  • 120 ont été adoptés
  • 49 États concernés