En Colombie, les crimes de haine visant les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres atteignent des niveaux alarmants. L’ONG Caribe Afirmativo a recensé 164 assassinats de personnes LGBTIQ+ en 2024, soit en moyenne un toutes les 48 heures, et déjà 41 victimes supplémentaires sur les quatre premiers mois de 2025, une hausse de 47 % par rapport à la même période l’an dernier.
Près de la moitié (49 %) des victimes étaient des hommes gays ou des femmes trans. L’ONG souligne la « cruauté » des mises à mort, parfois scénarisées pour terroriser l’ensemble de la communauté. Les procédures judiciaires, elles, restent figées : 86 % des dossiers n’ont pas dépassé la phase d’enquête préliminaire et moins de 7 % ont franchi les étapes suivantes, déplore Caribe Afirmativo.
Le poids des préjugés et du crime organisé
Pour Cristian de la Rosa, porte-parole de l’ONG, les assassinats mêlent préjugés homophobes, contrôle du territoire par le micro-trafic et désengagement de l’État. La dissolution d’unités municipales dédiées aux droits LGBTIQ+ a aggravé la vulnérabilité dans certaines régions.
Un projet de « loi trans » en discussion
Face à l’escalade, un texte visant à protéger les personnes trans et à alourdir les peines pour crimes motivés par la haine est débattu au Congrès colombien. Les organisations de défense des droits humains y voient un signal politique fort, mais insistent sur la nécessité de former policiers et magistrats, faute de quoi « les lois resteront lettre morte ».
« Con permiso para despreciar »
Le rapport annuel, baptisé « Con permiso para despreciar » (« Avec permission de mépriser »), fait le constat d’une société où la violence contre les minorités sexuelles est encore perçue comme tolérable. « Nous devons briser cette permissivité sociale », insiste Wilson Castañeda, directeur de Caribe Afirmativo.
Un appel pressant
Caribe Afirmativo exhorte le gouvernement à garantir la protection des défenseurs LGBTIQ+, à renforcer la collecte de preuves et à créer des unités spécialisées dans les crimes de haine. À défaut, prévient l’ONG, le sinistre compteur continuera de tourner, soit quasiment tous les deux jours.

















