Rick Santorum se retire de l’investiture républicaine américaine

Catholique ultraconservateur et homophobe notoire, Rick Santorum a suspendu hier, mardi 10 avril, sa campagne pour les primaires républicaines américaines. Jusque-là en deuxième position, il semblait être le seul dans le camp républicain à pouvoir bousculer Mitt Romney, à qui il laisse désormais la voie libre pour affronter Barack Obama lors de l’élection présidentielle le 6 novembre prochain.

TEA-PARTY, HOMOPHOBIES ET AUTRES «CROISADES»
Homophobe assumé et récidiviste, il s’était fait remarquer dès 2003, pour avoir associé les relations homosexuelles à l’inceste ou à la zoologie, lors d’une interview à l’Associated Press. La même année, il déclarait que la sodomie favorisait «la bigamie, la polygamie, l’inceste et l’adultère», au moment même où la Cour suprême menaçait de censurer une loi du Texas pénalisant les relations sexuelles entre personnes de même sexe. Deux ans plus tard, il s’en prenait à l’ouverture du mariage aux couples homosexuels qui «menace [son] mariage, tous les mariages et les valeurs traditionnelles de [son] pays». Au même moment, il était considéré comme l’un des «25 évangélistes les plus influents des États-Unis», par le magazine américain Time.

Durant cette campagne à l’investiture républicaine, ce «missionnaire catholique» a été l’une des figure emblématique du Tea Party (mouvement ultraconservateur né sous la présidence de Barack Obama). Il est reparti en «croisade» contre l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, affirmant qu’il ferait annuler les unions déjà contractées. Il s’est également particulièrement distingué par des positions anti-feministes s’opposant à l’avortement, au remboursement et même à l’usage de contraceptifs.

«STOP À LA HAINE, GOÛTE À L’ARC EN CIEL!»
Face à tant de haine, la communauté LGBT n’a pas manqué d’en faire une cible privilégiée. En janvier denier, il était ainsi visé par deux attaques pailletées (glitter bombs) lors de meetings dans l’Iowa et en Caroline du Sud par des militant-e-s qui scandaient «Stop à la haine, goûte à l’arc en ciel!». En février, une photo de son visage reconstituée avec des images de films pornos gays (ci-dessus) circulait sur internet.

L’action la plus célèbre reste celle du journaliste gay Dan Savage (à l’origine de la campagne «It Gets Better»), qui a incité ses lecteurs dans sa chronique Savage Love à trouver une définition au mot santorum, en 2003. La définition retenue à la suite de ce concours se trouve sur le site SpreadingSantorum. Une définition qui s’est popularisée grâce à une campagne Google Bomb. Plus récemment, Dan Savage a renouvelé cette même action de bombardement Google avec son prénom, défini comme l’action de «retirer du santorum oralement».

BON DÉBARRAS?
Pas si sûr. Officiellement Rick Santorum déclare se retirer de cette investiture pour s’occuper de Bella, sa fille malade. Pourtant, selon Lorraine Millot, correspondante à Washington pour Libération, «la vraie raison de ce retrait est surtout que les pressions étaient très fortes sur Rick Santorum pour qu’il se retire, et préserve ainsi ses perspectives politiques à plus long terme (…) Il avait déjà suggéré qu’il se plaçait dans la perspective de 2016 autant que celle de 2012: pour cela, il était temps pour lui de faire une sortie digne et “familiale”». Nous n’en avons donc pas forcément fini avec lui.