Hongrie : le parti de Viktor Orban veut interdire la « promotion » de l’homosexualité, auprès des mineurs

Le parti d’extrême droite du Premier ministre hongrois Viktor Orban a déposé jeudi 10 juin des amendements législatifs visant à interdire la « promotion » de l’homosexualité ou du « changement de sexe » auprès des mineurs, selon un texte de 11 pages publié sur le site du Parlement que l’AFP a consulté. Une proposition similaire à la loi russe qui punit tout acte de « propagande » homosexuelle destinée aux plus jeunes.

Dans la pratique, les programmes éducatifs ou les publicités de grands groupes solidaires des gays et lesbiennes, comme par exemple celle de Coca-Cola qui avait suscité en 2019 des appels au boycott, ne seraient plus autorisés. Comme d’ailleurs les livres sur le sujet, tels que le recueil de contes et légendes dédramatisant l’homosexualité qui s’était attiré les foudres du pouvoir à l’automne 2020.

Si ces clauses étaient adoptées, « la liberté d’expression et les droits des enfants se trouveraient sévèrement restreints », ont alerté plusieurs ONG, dont Amnesty et Budapest Pride, accusant la Hongrie de « copier des modèles dictatoriaux qui vont à l’encontre des valeurs européennes ». « Le gouvernement se tourne contre ses propres citoyens en suivant l’exemple de la Russie et de la Chine », ont-elles asséné.

Les amendements en question s’inscrivent dans le cadre d’un arsenal de mesures contre la pédophilie, un amalgame bien évidemment dénoncé, notamment par le site internet indépendant Telex, et parmi lesquelles figurent la création d’une base de données accessible au public des personnes condamnées, ou encore leur bannissement de certaines professions.

Cette nouvelle offensive anti-LGBT intervient dans un contexte de durcissement de la politique de Viktor Orban, qui brandit haut et fort ce qu’il considère comme des valeurs chrétiennes traditionnelles et promeut une « nouvelle ère » culturelle. Pour mémo, en décembre 2020, le Parlement avait déjà adopté un paquet législatif inscrivant la notion traditionnelle de la famille et du « genre » dans la Constitution et interdisant de facto l’adoption aux couples de même sexe.