Plus d’un millier de fidèles LGBT+, venus d’une vingtaine de pays, ont franchi ce week-end la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre. Leur pèlerinage, organisé à l’occasion du Jubilé de l’Espérance, rendez-vous majeur célébré tous les vingt-cinq ans, constitue une première pour l’Église catholique. L’événement a également rassemblé des familles venues soutenir leurs proches, des prêtres favorables à l’inclusion ainsi que des religieuses et religieux solidaires.
Prières et appuis
La veille, une veillée s’est tenue à l’église du Gesù, suivie d’une messe présidée par Mgr Francesco Savino, vice-président de l’épiscopat italien, appelant à « rendre dignité et écoute » aux croyants longtemps marginalisés. Le père jésuite James Martin, reçu peu avant par le pape Léon XIV, y participait lui aussi, saluant « un signe d’espérance pour l’avenir ».
Héritage et incertitudes
François avait amorcé un tournant en autorisant, fin 2023, la bénédiction des couples de même sexe, geste accueilli avec enthousiasme par certains mais contesté ailleurs, notamment en Afrique. Sans modifier la doctrine, il avait multiplié les appels à une Église « pour tous, tous, tous ».
Son successeur, l’Américain Robert Prevost devenu Léon XIV en mai dernier, reste plus réservé. Tout en rappelant que le mariage demeure, selon la doctrine, l’union d’un homme et d’une femme, il a laissé entendre vouloir prolonger l’élan pastoral de François. Sa rencontre avec James Martin a été perçue comme un signe d’ouverture, mais son silence lors du pèlerinage a suscité des interprétations contrastées.
Entre fierté et impatience
Pour beaucoup de participants, ce rassemblement restera une étape historique. « Ce n’est pas un point d’arrivée, mais un commencement », affirme Innocenzo Pontillo, président de l’association italienne La Tenda di Gionata, organisatrice de l’événement. D’autres, comme Domenico, 24 ans, estiment que « l’Église doit aller plus loin », jusqu’à reconnaître le mariage religieux des couples homosexuels.
Si la présence de fidèles LGBT au cœur du Jubilé marque une avancée, l’institution continue de qualifier les actes homosexuels de « désordonnés ». « Nous ne sommes pas des invités de passage, nous faisons partie de la famille », insiste Yveline, 68 ans, transgenre belge, arrivée à Rome après 130 kilomètres de marche.
Un signal au-delà du Vatican
Ce pèlerinage illustre plus largement l’évolution du catholicisme, confronté à des réalités longtemps ignorées. Entre ferveur, espérance et attentes encore insatisfaites, il souligne qu’au cœur du Jubilé de l’Espérance, une communauté aspire à une pleine reconnaissance.
