Une nouvelle de Gram Théodore : “Nous” – Absolue volonté, récalcitrante, pourtant de ne faire qu’un!

La dissociation de l’être pour se multiplier à l’infini est lassante lorsque les schémas se confondent et que l’on retrouve de tous un peu chez les autres.

Fichiers de sauvegarde

On a toujours la mémoire qui flanche quand il faut pas mais pour ces moments-là, évidemment, tout reste indélébile. Et la question s’en revient. Toujours la même phase, case… Nous y voilà. “Nous”? Déconstruction de l’individu en gestation fébrile pour dénoncer les privilèges d’une existence douce et lumineuse. Une véritable incitation du don du “soi”, sans condition ni exigence particulière, dans la course à l’appartenance de ce “tout”, qui serait ainsi, une anticipation de bien-être auquel le “nous” n’envisage et ne sous-entend que moi et toi.

Complexe ? Tu penses que cette chanson est à propos de toi ? Je voulais juste te dire, que j’aurais souhaité qu’il fut, seulement, toi et moi.

Cruauté disciplinaire ? Préjudice à nos libertés d’assouvir toutes les obsessions de nos penchants? Butinez, butinons, comme le disaient les amis homos de la grande cousine Christine : “Nous on veut du sexe, pas du genre !”
Et bien moi, je ne butine plus. J’ai déjà donné, sans doute parce que j’étais tout aussi jeune et con, en recherche de cette extase de la complémentarité totale. J’avais tellement, mais personne n’en voulait… enfin, pour très longtemps. Les responsabilités… s’investir? Oui, mais sans conséquence pour la suite… ah?! Passer de salauds à salauds jusque tomber sur plus moche et finir par se satisfaire, en se mariant par défaut pour ne plus vivre sans cette même ombre qui m’accompagne. Bof. Maladie d’être seul. Comme dirait “MUMU” : vaut mieux être seul que mal accompagné.
En vérité, maintenant je réalise, que ce n’est pas de l’amour que j’avais en surpoids à partager. C’est plutôt moi qui en manquais. Et pour me persuader qu’il y avait plus triste, je me suis complu à penser que j’en avais de trop.

Pourtant : 1 + 1 ne font pas 2 mais 3. D’où le “Nous”. Mais c’est bien trop long puisque nous n’y voilà pas.

Pourquoi marcher si on va nulle part?

De l’amitié à la passion, il n’y a qu’un simple pas, mais si l’obstruction est courue d’avance, je finis par m’épuiser.

Tu es amoureux?
– non, sans doute pas, il ne me plaît pas vraiment. Mais point d’orgueil, et sans condition ni exigence… de toute façon maintenant qu’il sait que tout est acquis, il fera le difficile.

Prends tes distances? Il t’a dragué?
– Oui, mais il appelle ça “draguouiller”. Il aurait beaucoup d’amour à partager alors pourquoi se restreindre?

C’est une plaisanterie? Pourquoi tu lui parles si ça te fais autant souffrir? T’es un insecte? Tu butines maintenant? C’est ça aussi la différence entre “nous”? Hommes, femmes… mode d’emploi.
– On doit bien s’y faire, et il y a toujours pire. Il ne veut pas de moi mais il n’a jamais prétendu… et je suis pas un paillasson. C’est pas parce qu’on est gentil qu’on doit passer pour un essuie-pieds.

Ok mais pourquoi tu continues?
– Quand on est jeune, on peut toujours envoyer tout le monde chier. Mais quand on prend de l’âge et que l’on conçoit la chance d’avoir ce “petit peu” finalement, on ferme sa gueule. L’orgueil est sournois, et lorsqu’on ne peut prétendre ou aspirer à rien. C’est aussi un peu aussi pour ça que j’ai du mal à reprendre confiance. Tu t’emballes, mais au final ils te disent qu’ils veulent te garder pour ami. on finit aussi par penser qu’on doit franchement être super moche ou super con. J’en suis déjà “full” de mes amis… on fait juste semblant.

Pas besoin de vieillir pour ça. Moi on m’a toujours considéré comme une merde, une dégénérée, pour je ne sais quelle raison … je suis lesbienne, oui et alors ? Et puis il y a eu Mady <3 Je croyais que personne n’allait s’intéresser à moi.
– Et puis… moi aussi, il a été une fois ! Maintenant, toutes les personnes que je vise me semblent si fades. Un manque de tout. Une libération de rien puisqu’ils pensent tout savoir sur tout, mais ils ne sont que nous avec un peu moins d’ouvertures.

Oui bah c’est pas en restant cloîtré que tu feras conquête. Tu devrais sortir, manger, sculpter ta silhouette. T’es un mec adorable et en plus en vérité t’es pas mal du tout et j’aime déjà ton corps.
– Quand on est mort, à quoi peut bien nous servir de mieux bouffer pour sculpter son corps?

Arrête de te morfondre, jeune ou vieux, c’est pareil. Moi aussi on m’a trompé. Il va te rappeler?
– Je ne me morfonds pas, d’ailleurs suis plutôt moqueur. Oui, sans doute. Quand il sera seul, qu’il n’aura rien prévu, ou rien en vu, ou qu’il va s’ennuyer…

Tu vas pas t’arrêter à un pauvre type sans envergure qui se fout de ta gueule et te considère comme moins que rien?
– Il ne me considère pas comme rien. Juste, ses conceptions sentimentales divergent des miennes. Il veut un fuck body, ou du genre.

Tu sais, les gens qui s’intéressent à nous, viennent quand on s’y attend le moins. Tu m’as ramassé comme un gros bébé, et tu m’as un peu sorti d’affaire. Quand on cherche, ça finit souvent mal, alors cherche plus. Profite de ta “team”, de ta chienne, de tes occupations pour les autres…
– Je ne suis pas Jésus, ni L’Esprit Sain, et je ne comptais pas devenir moine.

J’ai pas dit ça mais cherche plus. Celui-ci de toute façon est un abruti. Tiens tu devrais écrire, ça te ferait du bien. On te l’a tous dit d’ailleurs. Et tu t’attaches trop vite. Tu es trop vrai, trop entier. Ne cherche plus. Ça viendra !
– “Can’t Hurry Love ?” Pas besoin, si je vais à chaque fois me prendre la révérence. Et puis, ce qui est amusant, c’est que c’est toujours les moins bien lotis qui nous donnent “conseil”. Qu’est-ce que j’en ai marre d’entendre la rengaine des : “faut pas s’attacher”, “rien ne dure”… et bien moi j’ai envie de m’attacher et que ça dure. Et j’en ai envie à m’en péter les artères, alors s’ils pouvaient garder leurs conseils et morale.

>> Extrait de “Parité dans l’absence : je te dois bien ça”. Une “nouvelle” inspirée d’une vie et de ses contrariétés existentielles, dépourvue face à trop d’incohérences 😉
L’histoire est à paraître et nous avons bien aimé le concept. Nous avons donc décidé d’en partager certains en exclusivité avec l’accord de l’auteur, Gram Théodore, qui fait partie de nos amis sur la page. Nous lui souhaitons le meilleur et comme nous publions les textes en parties, nous espérons ne pas vous perdre en chemin.

Il n’y a pas d’erreur sur l’orthographe de “Abscente”, l’auteur explique ensuite dans son histoire pourquoi. Le mot n’est pas “Absente”. “Parité Absente” est en fait le nom du jeune homme dont il est épris.
<3 Merci à Gram