Témoignage : “…parce qu’il faut se battre contre l’homophobie mais aussi la peur qui nous maintient en victimes”

Je voudrais d’abord vous dire un grand merci pour tout ce que vous faites, pour les LGBT de tous âges, mais surtout pour nous, les jeunes.

Je m’explique : je suis de ceux qui veulent faire croire qu’ils n’en ont rien à faire du regard des autres mais qui au fond en sont profondément affectés : quand j’ai annoncé que j’étais amoureuse et en couple avec une fille l’année dernière, ça c’est plutôt bien passé, avec mes parents ( je ne l’ai pas dit et ne le dirais surement jamais au reste de ma famille car je connais d’avance leur déception et je n’aurais pas le courage d’affronter ça ) comme avec mes amis, nous n’avons pas eu trop de problèmes, à part des regards, des sourires gênés, ou quelques sous-entendus glissés par là, rien de bien grave.

Pourtant, même si tout va bien en apparences, il y a comme une gêne, des choses qui ne passent pas : j’ai peur, je jette un coup d’œil à droite avant de l’embrasser, je lâche sa main en rentrant au cinéma, je n’ose pas m’asseoir sur ses genoux, je ne peux pas être naturelle et libre lorsque nous sortons… je sais qu’en général les gens ne réagissent pas mal ou pas trop mal, mais les faits récents (manif pour tous et compagnie qui nous pointent du doigt comme des détraqués) ajoutent un poids considérable à ce sentiment de vulnérabilité et de culpabilité.
Et puis on parle DU coming out comme d’une sortie du placard tonitruante, brève et efficace. Mais en réalité, le coming out est un état permanent et usant : quand on rencontre quelqu’un, toujours la petite appréhension du moment ou il réalise et que s’installe un silence gêné, dans la rue, les regards interrogateurs, les “Tu es en couple ? Il s’appelle comment ?”. L’effort est continu et pousse parfois à renoncer. “Ah, euh, c’est UNE copine” suivi d’un remord intense, surtout quand on a décidé de ne plus se cacher et de ne plus mentir, du moins de ne plus “omettre”.
Pour en revenir à l’aide immense que vous m’avez apportée : je n’ai jamais appelé ni envoyé de messages ou de mails à votre association, mais voir que des gens s’impliquent et s’insurgent pour vos droits et votre paix — parce qu’il faut se battre contre l’homophobie des autres mais aussi contre la peur qui nous maintient en victimes — peut vraiment donner de la force et l’envie de continuer à vivre comme on est, et pas comme les autres voudraient qu’on soit.

Alors, merci STOP HOMOPHOBIE pour tout ce que vous faites pour nous, pour les commentaires de chacun, et merci de me donner autant d’espoir ! Bonne année, et 2015 sera sous le signe de l’amour !

Caroline.