Témoignage : Quand j’ai fait mon coming-out, « mes parents m’ont forcé à aller voir un psy »

>> Famille, amis, collègues… pas toujours facile de dévoiler son homosexualité à ses proches. Car si certains se montrent compréhensifs, d’autres ont des réactions parfois blessantes. Quatre homos ont accepté de nous raconter le jour où ils sont sortis du placard.

Au collège, je tombais amoureux des autres garçons. Au lycée, ils occupaient mes rêves érotiques. J’étais très mal dans ma peau, et je n’assumais pas cette attirance. J’ai donc refoulé mon homosexualité jusqu’à la fac, et n’en parlais qu’à des inconnus sur le web. Je la vivais alors comme un « problème ».

J’ai fait mon coming out en plusieurs fois.

Mes amis ont été les premiers à le savoir. À la fac, j’ai écrit un mail à mes deux meilleurs potes pour leur avouer que je ne savais pas si je préférais les filles ou les garçons… et quelques semaines après, je leur en écrivais un nouveau pour leur dire qu’il s’agissait bien des filles ! Je n’assumais toujours pas.

Puis j’en ai parlé à deux copines, via messagerie instantanée. Caché derrière un écran, je me sentais en sécurité. Par étapes, j’ai continué à avouer mon orientation sexuelle à d’autres personnes. Ça a été une vraie libération !

Quand j'ai fait mon coming-out mes parents m’ont forcé a aller voir un psyPour ma famille, c’est au cours d’un repas au resto, un peu avant mes 21 ans, que la vérité est sortie. Une soirée mémorable avec mes parents, mon oncle et ma tante ! Je traversais une phase de déprime : je vivais de plus en plus mal de me mentir à moi-même et à tous mes proches. Un vrai poids sur la conscience ! Ma tante m’a cuisiné à table jusqu’à ce que j’avoue tout.

Si mes amis ont bien réagi, ce ne fut pas le cas de ma famille. Ma petite sœur m’a demandé d’y réfléchir à deux fois avant de « prendre une décision pareille ». Mon père m’a encouragé à essayer avec une fille pour être sûr de mon choix, et m’a même incité à coucher avec une de mes amies ! Il m’a aussi mis en garde : “tu seras rejeté partout”, “tout le monde méprise les homos”… des propos très violents. Quant à ma mère, elle s’en voulait, se sentait responsable et pensait que je serais malheureux toute ma vie. Ils m’ont forcé à aller voir une psy. Au bout d’une heure de consultation, cette dernière m’a affirmé que je n’avais aucun problème, et que je n’avais pas de raison d’aller la voir.

Aujourd’hui, tout le monde est au courant que je suis gay, et je l’assume complètement. Mes parents l’ont plus ou moins accepté, bien que nous en parlions rarement, mais je sais qu’ils sont prêts à voir un homme entrer dans ma vie. Mon frère jumeau, avec qui je vis en coloc, n’a aucun souci avec ça. Pour le reste, je n’ai jamais eu de souci… jusqu’à ce que le mariage gay soit autorisé en France. Des jeunes de mon âge m’ont alors tenu des propos vraiment choquants, qui m’ont fait réaliser que beaucoup de personnes avaient encore des a priori sur l’homosexualité. Les mentalités ont certes évolué, mais il y a encore une grande marge de progression vers la tolérance.

Luc, 28 ans.

Propos recueillis par Pauline Capmas-Delarue