Suisse Chômage six fois plus élevé parmi les trans

Pour la première fois, une enquête examine la situation des personnes transgenre sur le marché du travail suisse. Elle souligne le risque de déclassement qui accompagne le coming-out et la transition.

 

Si l’on en croit la projection la plus courante, on compterait 40’000 personnes transgenres en Suisse. Une population mal connue, particulièrement quant à leur situation sur le marché du travail. Sur un échantillon modeste, 35 personnes, Transgender Network Switzerland (TGNS), organisation faîtière des trans suisses, a réalisé une toute première enquête* à ce sujet. Elle est riche d’enseignements. Premier choc: le nombre de sans-emploi parmi ce groupe s’élève à 20%. Six fois plus que le taux de chômage national.

 

«En temps de crise économique, les facteurs de risque sont éliminés autant que possible. Et aux yeux de beaucoup de responsables des ressources humaines, les personnes trans sont un facteur de risque», constate Helena Jenzer dans les colonnes de l’«Aargauer Zeitung». Cette doctorante à la Haute école de santé de Berne, qui a coordonné l’étude remarque que le coming-out trans et la transition d’un genre à l’autre oblige bien des employés à devoir refaire leurs preuves au sein du personnel. «C’est comme si elles avaient eu une attaque cérébrale.»

 

«Suicidaires et incapables de travailler»

En cause, un stéréotype qui colle aux personnes trans: elles seraient suicidaires et incapables de travailler. Or, note Helena Jenzer, «une fois la transition conclue, on est bien plus productif qu’auparavant, quand on souffre, quand on vit sous la pression. On peut dès lors se concentrer à nouveau sur le travail.» Cela étant, la moitié des personnes interrogées disent avoir été soutenues par leur employeur.

 

Les causes de la perte d’un travail ou d’un refus de poste les plus fréquents sont, dans l’ordre: la non-acceptation, le mobbing, l’apparence et l’allure, ainsi que la voix. La période la plus critique est le coming-out, le moment où l’employé-e informe son supérieur qu’il ou elle va entamer une transition. Le licenciement abusif dans ces conditions est une expérience partagée par beaucoup de répondants. «[Les trans] sont une minorité, que certains croient pouvoir discriminer impunément», rappelle Alecs Recher, coprésident de TGNS et juriste. Il indique que l’on a tout intérêt à le contester une mise à la porte devant les tribunaux. Il existe une jurisprudence à ce sujet.

 

Déclassement

Après une transition, le retour dans le monde du travail peut s’avérer difficile. Quelque 45% des trans interrogés par TGNS ont dû accepter un poste moins coté, avec à la clé des baisses de salaire allant de 30 à 45%. Ces difficultés amènent beaucoup de trans à opter pour un travail indépendant, selon l’enquête, qui a relevé que 40% d’entre eux ont choisi ce type d’emploi. Ils ne sont que 13% dans l’ensemble de la population.

 

* L’étude a été menée sur 20 femmes et 15 hommes en février 2012. Elle n’a pas permis de déceler des différences significatives entre ces deux groupes. Un résumé (en allemand) est disponible sur le site: www.transgender-network.ch

 

 

source:http://360.ch/blog/magazine/2012/07/chomage-six-fois-plus-eleve-parmi-les-trans/