#Sexiste, #raciste, #homophobe et #beauf : voici #Tony #Abbott, nouveau premier ministre #australien

C’est ce qu’on appelle un tour de magie politique. Ce samedi, Tony Abbott a conduit à la victoire sa coalition conservatrice, et devient premier ministre de l’Australie à l’issue des élections législatives.

S’il n’avait pas eu face à lui des travaillistes divisés, cette victoire n’aurait pas été si simple. Dans le passé, il avait même été surnommé « Monsieur Inéligible » par l’un des cadres du parti libéral.

Et en 2007, un ancien ambassadeur américain l’avait aussi critiqué dans une note publiée par WikiLeaks. Il disait que c’était un « homme marqué très à droite et qui polarise » et qu’il avait une « forte propension à se montrer insensible et à provoquer la controverse ».

Pour dire les choses plus clairement, à lire les sorties d’Abbott, on a parfois simplement l’impression d’avoir à fait à un gros beauf. Retour sur lesdites controverses.

1 / Sexiste

Sur les femmes, le nouveau premier ministre australien a un avis bien à lui, mais pas très moderne. En 2010, il s’était lancé dans une tirade sur le repassage :

« Les femmes au foyer australiennes doivent comprendre que si elles apportent leur linge à repasser au pressing, elles vont payer plus cher, mais en même temps, leur facture d’électricité sera plus élevée si elles font leur repassage elles-mêmes. »

En octobre 2012, il avait eu, après ces propos, l’audace de réclamer la démission du président du Parlement en raison de SMS « sexistes ». Julia Gillard, alors Première ministre, lui avait rappelé ces propos en le piquant :

« Pour voir ce que c’est que le sexisme, l’honorable leader de l’opposition n’a pas besoin de lire une motion parlementaire, il n’a qu’à regarder un miroir. »

Elle lui avait aussi rappelé qu’il l’avait traitée de « sorcière ». Cette vidéo était devenue virale.

Sur l’avortement, il avait aussi affirmé en 2010 :

« L’avortement, c’est la solution de facilité. Ce n’est pas très surprenant que les gens choisissent la sortie la plus confortable dans ces situations. »

2 / Pas très éclairé sur l’écologie…

L’homme qui devient le premier ministre de l’Australie ne semble pas avoir un avis très réfléchi sur les questions climatiques.

Lors d’une émission en 2010 sur la chaîne ABC, il avait dit :

« L’argument du réchauffement climatique, c’est de la connerie absolue, mais les politiques sont dures pour nous parce que 80% des gens croient que le changement climatique est un danger réel et actuel. »

3 / … ni sur l’immigration

A propos des « boat people », ces réfugiés qui tentent de gagner l’Australie pour une vie meilleure, dans un autre talk-show d’ABC News en août 2012, Tony Abbott avait lancé cette généralité :

« Ces gens ne recherchent pas tellement l’asile, ils recherchent une résidence permanente. S’ils étaient heureux d’avoir des visas de protection temporaires, alors ils pourraient commencer à argumenter de manière plus crédible sur leur volonté d’accéder à l’asile. »

Ces idées lui ont encore valu, ce samedi, jour de l’élection, de faire face à des manifestants en colère alors qu’il visitait une école. Les manifestants criaient :

« Les réfugiés sont les bienvenus ! Abbott non ! »

« Va-t-en Tony ! »

Tandis qu’une femme portait cette pancarte :

« Tony Abbott : sexiste, raciste, bigot. »

4 / … ni sur les Aborigènes

Sur les Aborigènes, il a aussi cumulé les déclarations controversées. Dans une émission de télé en mars 2010, il se vantait :

« La culture occidentale est arrivée dans ce pays en 1788 et je suis très fier de cela. »

Puis, en juin de la même année, il avait estimé que pour que les inégalités raciales diminuent, il fallait que les Aborigènes acceptent les jobs qu’on leur propose :

« Ce ne sont peut-être pas les meilleurs boulot pour eux mais quoi qu’il se passe, il faut juste qu’ils les fassent, et si c’est ramasser des ordures dans la communauté, c’est simplement quelque chose qui doit être fait. »

Certains Australiens n’oublient pas non plus des propos qui remontent à plus loin encore. En 2006, avec sa finesse toujours légendaire, Tony Abbott, alors ministre de la Santé, avait exprimé son point de vue sur des cérémonies mortuaires chez les Aborigènes :

« Si vous voulez développer la culture du travail, vous ne pouvez pas avoir trois mois de saison de cérémonies et vous ne vous pouvez pas non plus prendre six semaines de congé parce que votre cousin est mort.

Je ne peux imaginer que longtemps avant l’arrivée de l’homme blanc, un décès forçait les gens à s’arrêter de chasser… »

Dans une tribune publiée sur le site The Age, trois chefs aborigènes avaient répondu :

« Est-ce que le ministre dit des rites juifs, chrétiens ou musulmans qu’ils devraient changer ? »

5 / Bigot

On l’a surnommé « le moine fou » parce qu’à 26 ans, il a décidé de rentrer dans les ordres pour finalement abandonner cette vocation trois ans plus tard.

Il est resté très proche de l’Eglise, a raconté qu’il valait mieux pour les femmes qu’elles restent vierges avant le mariage, et qu’il avait dit à ses deux filles que leur virginité était un « cadeau ».
6 / Un type qui vendrait ses filles ?

Si Tony Abbott est parvenu à s’imposer lors de ces élections, c’est qu’il a réussi à bien contrôler son image pendant cette campagne et à miser sur le capital cool de ses filles. Contrairement à lui, elles sont ainsifavorables au mariage homosexuel.

Comme le raconte le blog sur l’Australie du Monde.fr, vendredi 6 août, en fin de course, il a tout de même laissé échapper cette perle à leur sujet. S’il fallait voter pour lui, c’est parce qu’il était « le mec avec deux filles pas désagréables à regarder ».

Renée Greusard | Journaliste Rue89