Royaume-Uni «Gay» et «lesbienne», des mots indignes d’une reine?

En 60 ans de règne, Elizabeth II n’a jamais fait le moindre geste en direction de ses sujets homosexuels. «Son silence est un signal d’exclusion et d’absence de respect», juge le militant LGBT Peter Tatchell.

 

A l’occasion du jubilé de diamant d’Elizabeth II, le vétéran de l’activisme LGBT Peter Tatchell a fait entendre un couac au milieu du concert d’hommages et de louanges adressés à la souveraine. Dans les pages du «Guardian», il rappelle que «Pas une fois en 60 ans, elle n’a reconnu l’existence de la communauté LGBT ou de membres gay au sein de sa propre famille.» Pourtant, note-t-il, elle a fait beaucoup contre le racisme et l’intolérance; mais pas un geste, pas une parole pour les minorités sexuelles. Elle a visité des milliers d’organisations caritatives, mais pas une seule qui travaille avec les jeunes LGBT en détresse. Elle a affirmé sa solidarité lors de drames nationaux, mais pas en 1999, lorsqu’un attentat avait fait 3 morts et 70 blessés dans un pub gay de Soho, à Londres. Enfin, elle a soigneusement évité de s’exprimer sur les projets gouvernementaux quand ils concernaient les communautés LGBT.

 

Tatchell ne pense pas que la Reine d’Angleterre soit homophobe. Récemment, elle s’est d’ailleurs abstenue de commenter la question controversée de l’ouverture du mariage à tous les couples. Il s’interroge toutefois sur son silence: les mots «gay» et «lesbienne» sont-ils indignes d’être prononcés par une tête couronnée? «Il semble que nous sommes les indicibles – ceux qu’elle ne peut souffrir de mentionner en public», résume le militant né peu avant le sacre d’Elizabeth. Mais il ne faut pas désespérer qu’elle se décide enfin, à 86 ans, de devenir vraiment la souveraine de tous les Britanniques.