« Quand on voit la Gay Pride, on se dit tant mieux qu’ils n’élèvent pas d’enfant ! », estiment des militants UMP

Accueil hostile pour l’Inter-LGBT mercredi, lors d’une action de sensibilisation auprès des électeurs de Philippe Goujon (UMP), farouche opposant au mariage homosexuel.

« C’est contre-nature, le mariage homosexuel ». La vieille dame ne se laisse pas impressionner par les militants de l’Inter-LGBT (Lesbiennes, gays, bis et trans) qui manifestent mercredi sur le marché Grenelle, dans le XVe arrondissement de Paris. Face à Thomas Fouquet, le président de l’association venu chahuter la campagne du député UMP  Philippe Goujon, elle ne lâche rien. « Il y a des pays intelligents, comme la Hongrie, qui ont fait inscrire dans leur constitution que le mariage ne devait exister qu’entre deux personnes de sexe différent », dit-elle.

Dans cette circonscription marquée à droite, où Sarkozy a rafflé 58,7% des voix le 6 mai, les affiches de campagne du candidat UMP trônent encore au dessus des étals. Et les quelques militants de l’inter-LGBT reçoivent un accueil hostile.

Cible des militants, le député Philippe Goujon a signé l’entente parlementaire pour « le droit fondamental de l’enfant à être accueilli et de pouvoir s’épanouir dans une famille composée d’un père et d’une mère ». Maire de l’arrondissement, il est le seul parlementaire parisien à faire partie de cette « entente ». Il s’oppose même à la célébration du Pacs dans sa mairie.

Sobres, munis de leurs tracts en noir et blanc, les quatre militants LGBT se sont installés parmi les autres candidats à l’élection législative, Capucine Edou pour le PS, Marianne Journiac pour le Front de Gauche et Stéphane Cossé du Modem, qui soutiennent ouvertement leur démarche. Marie-Pierre de La Gontrie, vice-présidente du conseil régional d’Ile-de-France, est venue encourager cette campagne de sensibilisation et a salué le « rassemblement de la gauche et au-delà, face à des gens qui ne veulent pas que le droit évolue ».

« Tant mieux qu’ils n’élèvent pas d’enfant! »

Un soutien loin d’être partagé par les habitants du quartier. Une habitante interpelle Nicolas Gougain, le porte-parole de l’association: « Vous êtes un petit nombre, vous avez beaucoup de pouvoir et beaucoup d’argent, comme le maire de Paris, mais vous ne représentez personne! » Le débat qui s’engage avec certains passants est d’une grande violence. « Cette femme m’a parlé de malformation (à propos de l’homosexualité) » , confie Gougain, « mais je mets ça sur le compte de la maladresse », relativise-t-il.

Pour la plupart des militants, cette action s’avère plus éprouvante que prévu. Si quelques habitants du quartier se montrent bienveillants, la plupart ont des propos franchement homophobes. Nathalie, qui milite depuis 2007, confesse que c’est la première fois qu’elle tracte « dans un milieu aussi difficile ». Avant d’aller sécher ses larmes.

Une heure plus tard, c’est avec les militants UMP qu’a lieu la confrontation. Casquette, tongs roses compensées et tee-shirt à l’effigie de Goujon, l’une d’elle se met à crier: « Quand on voit à la Gay Pride des mecs qui se baladent la queue à l’air, on se dit tant mieux qu’ils n’élèvent pas d’enfant! ».

Philippe Goujon arrive quelques minutes après sur le marché. Mais se refuse à parler du sujet qui agite le marché depuis plusieurs minutes. Le candidat s’adresse à ses électeurs, mais ne veut pas répondre à Libération, ni à ses adversaires politiques, ni aux militants qui l’interpellent.

Par Mélodie Bouchaud