Prostitution Le syndicat du travail sexuel veut être reçu à Matignon comme les autres

Le syndicat du travail sexuel (Strass), membre du Collectif, a demandé vendredi à être reçu par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, comme les autres syndicats traditionnels, lors des Assises de la prostitution, organisées à Paris par le Collectif Droit et prostitution.

“Les dirigeants refusent de nous écouter” et “depuis le 6 mai, tout ce que nous avons obtenu, c’est un accroissement de la répression”, notamment à Paris et à Lyon, a déploré Chloé Navarro, au nom du Strass, soulignant que “le PS, comme les autres, nous considèrent comme des inadapté(e)s social(e)s”.

Au cours des débats, à la mairie du Xe arrondissement, les participants se sont opposés à la pénalisation des clients et ont demandé l’abrogation du délit de racolage public. Ils ont plaidé pour l’assistance sexuelle pour les personnes handicapées, les droits des prostituées migrantes, et un renforcement des moyens de prévention contre le VIH.

Les “travailleur(se)s du sexe”, comme préfèrent se définir les prostitué(e)s indépendant(e)s qui composaient la majorité de l’assistance, se sont surtout inquiétés de la proposition de loi, déposée en décembre 2011 par deux députés PS et UMP, qui préconise de sanctionner les clients de prostitués.

“La prostitution est aujourd’hui autorisée”, sauf si la personne qui se prostitue est mineure ou particulièrement vulnérable, a rappelé une juriste du Syndicat du travail sexuel (Strass), qui n’a pas donné son nom. Mais “la bulle de prostitution est déjà très restreinte”, notamment depuis la loi de 2003 qui pénalise le racolage passif, a-t-elle ajouté.

“La pénalisation de tous les clients, équivaudrait tout simplement à interdire toute la prostitution”, a-t-elle souligné, et “elle mettrait aussi en danger la santé des travailleuses du sexe à qui il sera plus difficile d’imposer le port du préservatif”.

Les associations de lutte contre le sida (Act-up, Arcat, Sidaction) ont souligné que depuis 2003, la situation des prostituées n’avait pas “cessé de se dégrader”, avec notamment “un déplacement des prostituées vers des zones de non-droit”.

Une manifestation des “travailleurs du sexe” était prévue samedi à Paris. Cette “marche des travailleurs et travailleuses du sexe”, soutenue par le collectif Droit et prostitution qui regroupe plusieurs associations (Act-up, Arcat, …), devait défiler de la Place Pigalle au Châtelet.

Le Strass, qui revendique environ 500 membres, entend dénoncer une nouvelle fois l’idée de pénaliser les clients de prostitué(e)s, qui a fait l’objet d’une proposition de loi, déposée en décembre 2011 à l’Assemblée nationale mais restée lettre morte jusqu’à présent.

Mais avec l’arrivée de Najat Vallaud-Belkacem au ministère des Droits des femmes, “le sujet de la pénalisation va être mis sur la table très vite”, s’inquiète Morgane Mertueil, porte-parole du Strass.

Pour le Strass, pénaliser les clients reviendrait à accentuer la précarisation des prostituées. Cela donnerait aux clients un pouvoir plus important vis-à-vis d’elles, et cela pousserait les prostitué(e)s à se tourner vers des intermédiaires, donc des réseaux, pour pratiquer leur activité, affirme le syndicat.