Pour la première fois, un premier ministre du Québec assiste au défilé gai de Montréal

Les politiciens réunis dimanche à Montréal pour le 33e défilé de la Fierté gaie étaient unanimes: l’heure était à la célébration des différences plutôt qu’aux politicailleries de bas étage.

Pauline Marois, la seule première ministre à avoir assisté au défilé pendant l’exercice de ses fonctions, a souligné que la société québécoise était certes riche de sa diversité, mais que ses acquis demeuraient fragiles.

«Comme femme, j’ai été témoin et j’ai participé à de nombreuses luttes qui nous ont permis de prendre notre place (…) en prendre conscience, cela nous rend plus sensibles aux obstacles des personnes qui expriment leur différence. La norme, elle évolue. Et pour lui permettre de changer, il faut parler haut et fort, et c’est ce que nous faisons aujourd’hui en défilant», a-t-elle affirmé.

Un discours avec lequel les dizaines d’élus municipaux, provinciaux et fédéraux présents — dont Denis Coderre, Philippe Couillard, Françoise David et Justin Trudeau, entre autres —, étaient tous d’accord.

Les chefs du Nouveau Parti démocratique et du Bloc québécois, Thomas Mulcair et Daniel Paillé, étaient eux aussi sur place.

Accompagné par une délégation de plusieurs députés libéraux, le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, a tenu à rappeler que son parti avait toujours eu une présence au défilé, même si aucun premier ministre n’y avait encore pris part.

«Je pense que c’est un sujet sur lequel il y a une union à travers les lignes partisanes. Mme Marois a parlé du gouvernement de René Lévesque et de son interdiction de la discrimination basée sur l’orientation sexuelle. Mais je me souviens que dans les dernières années, le gouvernement de Jean Charest a adopté un plan de lutte contre l’homophobie très dynamique et c’est ce genre de choses qui font avancer notre société», a-t-il mentionné.

Plusieurs élus ont fait écho à la situation actuelle des droits des homosexuels en Russie, dont la députée de Québec solidaire Françoise David.

«C’est peut-être encore plus important cette année, avec les mesures déplorables qui ont été adoptées en Russie, que nous y soyons tous. Je salue la présence de Mme Marois. C’est très important qu’au plus haut niveau, on envoie le message que l’homophobie, ça ne passe pas chez nous», a indiqué Mme David.

Le président de l’organisation du défilé, Éric Pineault, a quant à lui affirmé que l’acceptation sociale était de plus en plus marquée au Québec mais qu’il marcherait, dimanche, pour ses «frères et soeurs de l’Afrique, de la Russie et du Moyen-Orient», qui ne peuvent s’afficher librement sans risquer des peines de prison, voire leur vie.

Aucun représentant du gouvernement conservateur de Stephen Harper n’était sur place. M. Pineault a toutefois signalé que, pour la première fois, Patrimoine Canada avait octroyé une enveloppe de 30 000 $ à l’événement.

Si le chef libéral Justin Trudeau a pardonné l’absence du camp conservateur puisqu’ils n’ont, a-t-il rappelé, «aucun député à Montréal», ce n’était pas l’avis de Daniel Paillé, pour qui le dicton selon lequel les absents ont toujours tort était plutôt de mise.

«Le gouvernement du Canada est absent alors que tous les autres (partis) sont présents. Quand on est absent, on est absent», a-t-il martelé.

Le militant Jean-François Dion a de son côté rappelé que la lutte était loin d’être terminée pour les jeunes gais et lesbiennes et qu’il fallait continuer à manifester pour changer les mentalités.

«C’est fou comme il y a de l’homophobie, de la discrimination… Il y a encore des enfants qui se font tabasser dans les écoles, alors oui, c’est important de militer», a expliqué M. Dion, qui est aussi secrétaire du Parti québécois dans la circonscription montréalaise de Sainte-Marie-Saint-Jacques.

Le défilé s’est mis en branle vers 13h, sur le boulevard René-Lévesque, à l’intersection de la rue Guy, et devait se diriger vers l’est jusqu’à la rue Sanguinet. Plusieurs dizaines de milliers de spectateurs ont assisté à l’événement.

Un spectacle de clôture devait se dérouler plus tard au parc Émilie-Gamelin.

Des centaines d’équipes sportives, groupes culturels et religieux, ainsi que des organisations gaies, lesbiennes, bisexuelles et transgenres ont participé à l’événement de dimanche, qui existe depuis 1979.

Par Laurence Hall, La Presse Canadienne

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