PMA : « La plupart des femmes méconnaissent les traitements et se font de fausses idées »

André Guérin, endocrinologue-gynécologue à la clinique IVI Barcelone lève le voile sur les mythes les plus courants et les vérités sur la procréation médicale assistée pour mieux informer les femmes qui rencontrent des difficultés à tomber enceinte.

Souvent, après leur première visite chez IVI, mes confrères et moi-même avons constaté que les femmes sont surprises d’apprendre que leur fertilité diminue considérablement au fil du temps et même de manière drastique à partir de 35 ans. En outre, la plupart des patientes méconnaissent les traitements de PMA et se font de fausses idées.

1 – Avec la ligature des trompes, je ne peux pas tomber enceinte

Mythe. Il est parfois possible d’inverser la ligature des trompes, cela dépend de la partie de la trompe qui a été ligaturée et des techniques utilisées. S’il n’est pas possible de l’inverser, la meilleure option pour les femmes qui veulent tomber enceinte est le traitement par fécondation in vitro.

2 – Le traitement de reproduction assistée est équivalent à une grossesse multiple

Mythe. Il y a quelques années, il était habituel de transférer plus de deux embryons aux femmes. Cela se faisait dans le souci d’améliorer les chances de grossesse, mais aussi parce que les milieux de culture en laboratoire étaient moins efficaces que maintenant. Cela entraînait ainsi un risque accru de grossesses multiples et mettait en danger non seulement le fœtus, mais aussi la mère. Aujourd’hui, les statistiques montrent que lorsqu’on transfère deux embryons, une femme sur quatre tombe enceinte de jumeaux, le transfert de plus d’un embryon est désormais réservé à des cas spécifiques dans lesquels le diagnostic le recommande. Au cours des dernières années, le transfert d’embryon unique (SET) a réduit le nombre de grossesses multiples pour que la procréation médicale assistée soit comparable à une conception naturelle. Chez IVI, nous sensibilisons de plus en plus de personnes dans le but de parvenir à une grossesse et à un enfant sain.

3 – Les bébés nés de techniques de reproduction assistée ont tendance à naître prématurés

Mythe. La prématurité est associée aux grossesses multiples (jumeaux, triplés, etc.). Par conséquent une grossesse avec un seul fœtus, conçu après un traitement de reproduction assistée, n’augmente pas le risque de prématurité.

4 – Si j’ai des cycles menstruels réguliers, cela signifie que j’ovule

Mythe. Ce n’est pas toujours le cas. Les cycles réguliers sont le signe d’un bon fonctionnement hormonal, mais cela ne signifie pas pour autant que la production d’hormones a été parfaitement normale.

5 – Les lubrifiants intimes entravent la conception

Vrai. Certes, beaucoup d’entre eux, non seulement diminuent la quantité de spermatozoïdes, mais aussi entravent leur mobilité.

6 – Une femme atteinte d’un cancer peut tomber enceinte

Vrai. Il est connu que la radio ou chimiothérapie affecte la fertilité des femmes, cependant celle-ci peut être préservée, en amont, grâce à la congélation des ovocytes. Si la patiente envisage de tomber enceinte, il est donc essentiel qu’elle consulte un spécialiste en reproduction assistée.

7 – Mes ovules ne vieillissent pas parce que je suis une personne en bonne santé

Mythe. Les progrès technologiques ne peuvent malheureusement pas prévenir le vieillissement des ovules. Un mode de vie sain, s’il peut aider à prévenir l’accélération du processus, ne permet pas cependant pas d’éviter la baisse de la qualité génétique des ovules, surtout après 35 ans.

8 – La pilule contraceptive peut causer l’infertilité

Mythe. La pilule contraceptive peut masquer des problèmes hormonaux qui passent inaperçus, puisqu’elle régule le cycle donnant l’impression que tout est en ordre. Puis, lorsque les femmes cessent de la prendre pour tomber enceinte et n’y parviennent pas, elles pensent alors que la pilule en est la cause.

9 – Alcool et drogues sont impliqués dans la fertilité

Vrai. Les cigarettes et l’alcool peuvent affecter à la fois le nombre et la mobilité des spermatozoïdes. L’alcool peut interférer sur la production de testostérone et réduire la libido, mais aussi être la cause d’une impuissance. Les drogues comme la marijuana, l’héroïne et la morphine peuvent causer des problèmes de fertilité et d’impuissance. La forte consommation d’alcool peut aussi affecter la fertilité des femmes en provoquant des problèmes aux trompes et des dysfonctionnements ovulatoires. Quant au tabac, il augmente les risques de stérilité et le temps de conception d’un bébé; pendant la grossesse, son utilisation peut entrainer des malformations sur le foetus, un risque d’obésité infantile, et même l’infertilité; enfin, elle avance l’apparition de la ménopause de 2-3 ans. Il est bien connu que les femmes qui fument peuvent non seulement avoir un risque accru d’hypofertilité, mais aussi un risque plus élevé de fausse couche, d’accouchement prématuré et de donner naissance à des bébés de faible poids à la naissance.

10 – Une période d’abstinence sexuelle augmente les chances de grossesse

Mythe. Malgré la légère augmentation du nombre de spermatozoïdes, il n’y a aucune preuve qu’ils augmentent réellement les chances de grossesse.

Il est important que les couples qui essaient d’avoir un enfant sachent que si la femme a moins de 35 ans elle devrait consulter un spécialiste de la reproduction assistée après un an de relations sexuelles régulières sans grossesse et après seulement 6 mois si la femme est âgée de plus de 35 ans. Il est donc vivement recommandé d’éliminer les doutes en consultant un spécialiste afin d’éviter de rechercher des causes inutiles.