Pas de sexe avant le mariage gay!

Ouvertement gay et chrétien, l’Américain Constantino Diaz-Duran raconte comment la légalisation des couples de même sexe lui a fait découvrir (un peu sur le tard) les mérites d’une valeur réputée anachronique: l’abstinence avant la nuit de noces.

Les promoteurs du mariage pour tous n’y avaient sans doute pas encore songé: l’institution suscite de nouveaux comportements que l’on croyait réservés aux jeunes hétéros catholiques de bonne famille. Dans un édito publié sur le site HowAboutWe.com, l’auteur américain Constantino Diaz-Duran révèle que lui et son petit copain se préservent pour leur mariage. Oui, vous avez bien lu: les deux jeunes hommes ont décidé de renoncer au sexe, «y compris la fellation, la masturbation ou même le sexting (correspondance érotique par SMS, ndlr.)», avant de se passer la bague au doigt. Elevé dans une famille de catholiques pratiquants, le trentenaire new-yorkais dit vouloir marcher dans les traces de ses parents et grands parents, dont la longévité des mariages a été exceptionnelles.

Alliance sacrée

Dieu merci, Constantino n’est pas vierge. En fait, il raconte que la solution de l’abstinence s’est imposée à lui après de neuf années d’une relation qui s’est progressivement délitée – faute, selon lui, d’un véritable engagement mutuel. Dans le concubinage informel, tel qu’il est pratiqué par une majorité de gays, «on se débrouille toujours en tant que célibataire-en-couple, écrit-il, on vit selon des promesses non astreignantes. Le fait de s’engager et de rendre des comptes n’est pas le même que quand vous êtres liés légalement et quand votre alliance est respectée, sacrée et prise au sérieux par vos pairs et par la société.» L’instauration du mariage pour tous dans l’Etat de New York, l’an dernier, a tout changé. Dans la foulée, Constantino s’est mis à fréquenter l’Eglise épiscopalienne, qui bénit les couples de même sexe. Des nouveaux horizons s’ouvrent à lui.

Le trentenaire a rencontré un nouveau copain, cette fois sur un site de rencontre chrétien. «Nous avons été attirés l’un vers l’autre par nos photos (et je peux dire qu’il est hot), mais c’est notre foi et nos intérêts communs qui nous rapprochent. Nous avons prié ensemble et nous croyons que Dieu veut que nous nous comportions comme un couple chrétien», explique-t-il. Par conséquent, l’amour physique, ce sera pour plus tard. En attendant, Constantino confie que lui et son petit ami «dépensent leur énergie au fitness» plutôt que sur un matelas. «En tant que chrétien, poursuit-il, je crois qu’il y a une voie spécifique pour établir une fondation solide en vue d’une alliance perpétuelle. Je crois que la promiscuité et le sexe avant le mariage dévaluent l’amour et diluent la sainteté de ce que j’appelle le mariage. C’est une idée que je rejetais au moment où j’ai fait mon coming out

Mêmes normes et obligations

«Le monde d’aujourd’hui n’a rien de commun avec tout ce que j’imaginais quand j’ai fait mon coming-out. Un jour, je pourrai me marier à l’église, et les vœux que je prononcerai seront pris autant au sérieux que ceux de n’importe quel autre homme. Cela place la barre très haut. Cela me donne de l’espoir. Cela m’a ramené dans le droit chemin et m’a permis d’être en paix avec le Seigneur et avec ma sexualité. C’est ce que l’égalité dans le mariage veut dire, en fin de compte: la reconnaissance non seulement que les personnes gay ont les mêmes rêves et les mêmes aspirations que les hétéros, mais aussi que nous devons nous soumettre aux mêmes normes et obligations. Voilà pourquoi l’option de se marier peut et doit changer la manière dont les gays se rencontrent.»

Amen. Il va sans dire que la voie tracée par le jeune journaliste a attiré bon nombre de commentaires incrédules, sarcastiques ou carrément hostiles, notamment sur le site Queerty.com. Beaucoup y voient l’énième avatar d’un rejet intériorisé de la sexualité gay. Mais à l’heure où le mariage pour tous se généralise en Europe occidentale, qui sait si l’exemple de Diaz-Duran ne va pas faire des émules?

par Antoine Gessling