Montée inquiétante de l’homophobie en Ethiopie

David Emete a un bon emploi. Il est expert-comptable pour une société internationale dans la capitale éthiopienne, Adis-Abeba. Au cours des 3 dernières années, il a réussi à gravir les échelons. Il a commencé comme simple stagiaire. Mais la vie n’est pas facile du tout pour lui. La raison : il est gay.

« Il suffit de marcher dans la rue et beaucoup
de gens se rendent compte que je suis gay et ils m’insultent » dit-il. Pour lui, la montée de l’homophobie a été surprenante car il croyait que l’Ethiopie était encore une société tolérante par rapport aux pays voisins d’Afrique où l’homosexualité est passible d’emprisonnement ou de la peine de mort. « J’ai foi dans en mon pays et en mon peuple. Et il est difficile d’entendre ce qu’on dit de moi quotidiennement ».

Il y a 3 semaines, un groupe de jeunes l’a attaqué, en le frappant violement dans une petite ruelle isolée. Bilan : 2 côtes casseées. « Honnêtement, c’est très choquant pour moi que le simple fait que je sois gay puisse attiser une telle violence » déclare-t-il, en ajoutant que lorsqu’il est allé porter plainte au commissariat, les policiers se moquaient de lui. « Dans la communauté LGBT de mon pays, on dit qu’il ne faut pas aller porter plainte lorsqu’on se fait agresser. J’ai pensé que c’était différent car j’étais blessé grièvement. Mais ce n’est pas le cas. Les policiers n’ont aucun respect pour nous ».

Selon lui, c’est un article paru dans les médias locaux qui est à l’origine de cette montée de l’homophobie. Celui-ci assimilait les homosexuels à des « drogués du sexe dépravés ». De plus, le quotidien Yenga a écrit, au mois de juin, que l’homosexualité se propageait de plus en plus dans le pays et que les « sujets infectés » étaient maintenant au nombre de 16 000 personnes. L’article a ensuite rapporté que les gays avaient une moyenne de 75 partenaires par an et que cette pratique « contre-nature » pouvait les pousser à avoir jusqu’à 7 partenaires différents en une seule journée. Il rapporte également que le « vice » a été importé en Ethiopie par des étudiants qui reçoivent des bourses pour étudier aux Etats-Unis et en Europe.

Pour Emete et beaucoup d’autres gays dans le pays, ces attaques de la part des médias ont marqué un tournant décisif dans la colère de la population dirigée contre les personnes LGBT. « Je vais devoir acheter une voiture pour me déplacer et me rendre au travail. Si ça continue comme ça je crains d’être tué, si la situation ne s’améliore pas ».

Giuseppe Di Bella