“Mariage pour tous” : la guerre des manifs aura-t-elle lieu?

Deux mouvements de mobilisation contre le projet de loi d’ouverture du mariage aux personnes de même sexe sont prévus le week-end des 17 et 18 novembre prochains. Des manifestations d’origines bien différentes, dont l’une est organisée à l’initiative d’un mouvement proche de l’extrême droite. Décryptage.

Le week-end du 17 et 18 novembre auront lieu deux mouvements de mobilisation contre le projet de loi d’ouverture du mariage aux personnes de même sexe. En apparence, un même objectif : empêcher la loi de passer. En arrière plan, de profondes divergences idéologiques. Annoncée en premier, la manifestation du 18 novembre a été initiée par le lobby catholique intégriste Civitas, proche de la fraternité Saint Pie X (FSSPX), même si son président Alain Escada, affirme que la démarche de Civitas va au delà des milieux extrémistes et intégristes (voir vidéo 2’35).

Ancien porte parole du Front nouveau de Belgique (une dissidence du Front National belge), fonction qu’il occupa pendant une très courte période, ce bouquiniste belge est le fondateur de Polémique info, un magazine d’extrême droite aujourd’hui disparu du paysage qui s’était illustré en publiant un article hommage à Georges Gilsoul (“Adieu Gil”), un ancien de la division SS Wallonie, en 1997.

La manifestation du 17 novembre, “contre l’homophobie et le mariage pour tous”, à laquelle appellent, entre autres, Alliance Vita, la Fédération nationale des associations familiales protestantes et les Associations de familles catholiques, veut se détacher de celle du 18, pour cause de “divergences éthiques”, comme l’explique Alliance Vita, sur son site internet. Les manifestants du 17 refusent ainsi de laisser Civitas occuper tout le terrain et donner l’impression qu’il représente la seule opposition au mariage pour tous. “Loin de nous l’idée de diviser, explique Frigide Barjot, porte-parole de la “manif pour tous”. Il s’agit d’ouvrir le mouvement à ceux, qu’ils soient athées, homos ou hétéros, de gauche ou de droite, cathos ou non, qui ne se reconnaissent pas dans la manifestation du 18. L’occasion de choisir, non pas son camp mais sa sensibilité pour une cause qui dépasse de loin les religions et les partis politiques”.

Par ailleurs, depuis quelques semaines, le site France Jeunesse Civitas affiche fièrement des “lettres de soutien” ou d’encouragement” d’évêques français à la manifestation du 18, comme Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio, Thierry Scherrer, évêque de Laval, Guy Bagnard, ancien évêque de Belley-Ars, Philippe Ballot, archevêque de Chambéry ou encore l’archevêque de Paris, André Vingt-Trois (via un courrier de son secrétaire particulier). En réalité, ces lettres s’apparentent davantage à des réponses polies qu’à des soutiens. Un correctif confirmé par Robert le Gall, Thierry Scherrer et Olivier de Germay, interrogés par La Vie. “Civitas m’a sollicité pour un partenariat par rapport à la manifestation du 18, explique l’évêque d’Ajaccio, mais j’ai refusé très clairement.”

A l’Assemblée plénière des évêques, réunie à Lourdes du 3 au 8 novembre, le risque de récupération par les intégristes a été évoqué : “Nous refuserons toute récupération” a déclaré Bernard Podvin, porte parole de la Conférence des évêques de France. Interrogé sur la manifestation du 18, André Vingt-Trois, archevêque de Paris a déclaré : “Il y a d’autres propositions de manifestation pour le 17.”

source:http://www.lavie.fr/actualite/france/mariage-pour-tous-la-guerre-des-manifs-aura-t-elle-lieu-12-11-2012-33166_4.php