Mariage pour tous : « kiss-in » à Besançon

Le projet de loi sur le mariage pour tous crée des crispations. Plusieurs associations et partis politiques appellent à un kiss-in samedi prochain.

Le projet de loi sera examiné le 29 janvier par le Parlement. D’ici là, il est fort à parier qu’il provoquera encore de nombreuses réactions, des plus intelligentes aux plus stupides. Le mariage parle à tous, il engage, certes, deux personnes l’une vis à vis de l’autre, mais les engage au regard de la société, aussi.

À Besançon, les couples pacsés sont officiellement reçus en mairie, comme les mariés depuis mai 2012, mais aucune publicité n’est faite sur le sujet.

L’association bisontine Nouvel Esprit enverra cette semaine une lettre ouverte au maire de Besançon, qui s’était prononcé pour le mariage pour tous, lors de la campagne du candidat Hollande. La même association a en mai 2011 questionné 500 Bisontins en préambule d’un colloque sur la lutte contre l’homophobie et la transphobie.

D’après cette enquête, 90 % des Bisontins interrogés pensent que « les personnes homosexuelles doivent avoir les mêmes droits que les hétérosexuels ». Le projet de loi a été délesté de la question de la PMA (Procréation médicalement assistée), reste celle de l’adoption.

« Adopter cette loi, c’est donner les mêmes droits aux deux parents. Elle protégerait ainsi les enfants qui vivent déjà avec des couples homosexuels. Ce vide juridique doit être comblé. Car la loi n’assouplit en rien les démarches nécessaires à l’adoption et les garanties très restrictives demeureraient exactement identiques pour tous les couples. Or, aujourd’hui, quels messages envoyons-nous à ces enfants grandissant dans des familles différentes. Les familles divorcées ou monoparentales sont-elles aussi hors normes ? Notons qu’en Californie, les homosexuels ont accès à la parentalité depuis 25 ans, et leurs enfants désormais adultes ne souffrent pas plus que les autres », explique Thibaut Jeunet, de Nouvel Esprit.

Pour l’association, « les homosexuels doivent avoir les mêmes droits que chaque citoyen. Tous les couples ne souhaiteront pas se marier mais doivent avoir le choix de pouvoir le faire. Peut-être aurait-il fallu choisir un autre mot que le mot mariage, car on l’emploie indifféremment pour la consécration religieuse et pour l’union civile, mais on parle ici d’égalité des droits dans une République laïque. Nous demandons que tous les citoyens français puissent se marier et fonder une famille et transmettre leur héritage », rappelle Thibaut Jeunet.

À l’antenne bisontine de l’Autre Cercle, Didier Rolin partage cette analyse et renchérit : « Le mariage pour tous aura des conséquences bénéfiques dans le milieu du travail en assurant, par exemple, au conjoint de pouvoir bénéficier de la mutuelle d’un salarié et même de bénéficier des avantages des comités d’entreprise lorsque ceux-ci s’adressent aux familles ».

Ensemble, les deux associations, auxquelles s’ajoutent pour l’instant AIDS, SOS Homophobie, HES, Admetos, le PS, le mouvement des jeunes socialistes, EELV et le mouvement des jeunes écologistes, appellent à un « Kiss-in » samedi, à 14 h, devant l’hôtel de ville. L’enjeu : se retrouver le temps d’un baiser « pour encourager les députés à voter une loi ambitieuse en faveur des droits pour tous ».

Catherine CHAILLET

source:http://www.estrepublicain.fr/doubs/2012/11/12/mariage-pour-tous-kiss-in