L’homoparentalité, sujet à la mode pour les séries TV israéliennes

L’homoparentalité, c’est-à-dire l’adoption “coparentale” au sein des couples de même sexe, “est devenue un sujet d’actualité un peu partout”, explique Laurence Herszberg, directrice générale du Forum des images et du festival “Séries Mania”, qui va se déroulera du 22 au 28 avril.

La Nouvelle-Zélande et l’Uruguay viennent de légaliser le mariage homosexuel, dans la foulée des Pays-Bas, de la Belgique, de l’Espagne ou de la Norvège, qui ont également franchi le pas ces dernières années. Au total à ce jour, 13 pays autorisent le mariage gay et ouvrent l’adoption aux couples de même sexe.

En France, un projet de loi sur le mariage pour tous passe actuellement en seconde lecture à l’Assemblée nationale et divise l’opinion. Les manifestations des opposants au texte se multiplient, de même que les actes homophobes.

“Proposer une série sur le thème de l’homoparentalité ouvrirait l’esprit en France”, estiment Charlotte Papet, responsable du site Series Inside. “Mais les TV françaises préfèrent se positionner sur des sujets légers et des séries policières, qui garantissent de bonnes audiences”.

“On a peur de ce qu’on ne connait pas. Le fait de montrer de plus en plus d’homosexuels à la TV peut faire évoluer les mentalités”, juge Patrick Fabre, qui a réalisé un court métrage sur l’homoparentalité (“Rue des roses”) prévu sur France 2 le 28 avril.

Sur une chaîne payante

“Toutes les chaînes TV sont pareilles. Si demain l’homosexualité fait vendre de la publicité, très vite on verra des séries avec des couples homosexuels et leurs enfants”, estime M. Fabre.

En France, l’homoparentalité a inspiré le cinéma (“Pédale dure” et “Comme les autres”) mais pas la TV, qui a surtout abordé le thème de l’homosexualité en produisant des séries comme “Clara Sheller” (France 2) ou “Ainsi soient-ils” (Arte).

Dans “Mom and dads”(Israël), deux gays Sammy et Erez aimeraient devenir parents. Talia, femme seule en désir d’enfant, va les aider à concrétiser ce projet. Lorsqu’elle accouche, Talia refuse de se séparer du bébé et demande à emménager avec les deux pères. Avec “The new normal”, c’est Bryan et David qui rêvent de devenir papas.

Sans complaisance et avec humour, ces deux séries posent des questions prégnantes, tant sur la maternité (problème d’allaitement, baby blues) que sur l’homoparentalité: qui sera le père biologique? Comment choisir la mère porteuse? Pourquoi une femme accepte de porter l’enfant d’un autre? A cette dernière question, Goldie, qui portera l’enfant du couple dans “The new normal”, apporte une réponse très pragmatique: “35.000 euros, c’est une somme énorme”.

“Je ne suis pas sûre qu’on puisse diffuser ces séries en France. On n’a pas la même manière d’aborder les choses”, estime Mme Herszberg.

“Cet humour décapant n’a pas encore trouvé de place en première partie de soirée sur une grande chaîne mais ça pourrait l’être sur une chaîne payante”, selon elle.

La TV pourrait contribuer à “l’évolution des moeurs”, selon le sociologue Jean-Claude Kaufman.

“Contre les idéologies, il faut aider les gens à plonger dans des situations de vie concrètes et les séries peuvent permettre cela”, souligne-t-il.

“Par contre, les producteurs de séries et ceux qui les programment ont une responsabilité morale énorme, car il existe mille manières de mettre en scène un même sujet”, ajoute-t-il.

Source: L’Express. Copyrights.