Les icônes se cassent la gueule

La révolution gay est en marche. Pour la première fois depuis que la pop et la variété française existent, les homos se rebellent contre leurs idoles.

«Comment devient-on une icône gay?»; nombreux sont celles et ceux qui ont tenté de lever le voile sur la question. Sans jamais vraiment trouver de réponse définitive. Pourtant, les requins du showbiz auraient bien voulu trouver la recette. Imaginez: une usine à rêve fabriquant du Mylène Farmer en pièces détachées ou des Lady Gaga en série, ça peut rapporter gros! Ça peut? Ça pouvait, disons. Car en 2012, à quelques mois de la fin du monde programmée, il semble que ça ne tourne plus très rond sur le manège aux icônes. Il y a eu le printemps arabe, il y a l’été gay. La révolution est en marche. Enfin, surtout, la connerie a atteint ses limites. Epilogue de la fin d’une ère et préliminaire d’une nouvelle? Arrêt sur images de deux modèles de la culture gay qui ont pris un sérieux coup de plomb dans l’aile cette année.

Autoproclamée reine de la pop, Madonna a construit son empire en s’improvisant marraine de tous les gays. En criant haut et fort son soutien aux militants de la cause homosexuelle lors de ses récents concerts en Russie, elle n’a récolté que des huées et évité de peu les tomates… de la part des militants homosexuels. Qui l’eût cru? Sûrement pas la principale intéressée. Ils estimaient que pour réellement soutenir les gays russes à Saint-Pétersbourg, où une loi punissant les auteurs de toute «propagande homosexuelle» a été adoptée en février, la chanteuse aurait dû tout simplement annuler ses deux concerts. Inviter son public à lever le poing en portant un petit bracelet rose n’était pas suffisant. Et toc, ils lui ont cloué le bec, à l’icône.

Être une diva ne suffit plus
Quelque temps plus tard, c’est une icône masculine qui faisait son «grand» retour à la cérémonie de clôture des J.O. de Londres. Cette fois c’est sûr: George Michael, ancien homo honteux des années 80, régulièrement «outé» par son ennemi juré Boy George, a perdu le goût de chanter. Mais il a gardé celui des paillettes. On ne reviendra pas ici sur sa fracassante sortie du placard en 1998. Avouons toutefois que le clip d’«Outside», la chanson que lui a inspiré l’épisode des WC publics à Los Angeles, était assez jubilatoire. Tant qu’à être gay, autant devenir une icône, avait-il dû penser alors. Et ça a marché pendant quelque temps. Mais plus aujourd’hui. Pathétique sur scène, rappelant les Village People à lui tout seul, il faisait peine à voir, encombré de tous les clichés homos qu’il trimballe. Qu’il ait vieilli, on ne peut que lui pardonner. Mais il a mal vieilli. Et ressemble à un vieux pantin aigri à qui l’inspiration fait cruellement défaut. Le soir de la cérémonie, les tweetos ne l’ont pas raté et se sont déchaînés lorsqu’il s’est mis à mimer son nouveau morceau, le navrant «White Light», en playback. Ses fans gays n’étaient pas en reste pour crier leur mécontentement sur les réseaux sociaux.

En 2012, être une diva ne suffit plus. Contrairement aux générations précédentes, les homos d’aujourd’hui se moquent des icônes et n’en veulent pas. Fissure dans le star-system. Mais alors, que va-t-on faire de nos encombrantes reliques pop? Au pire, TF1 pensera à produire un spécial «Les Icônes Gay à la Ferme Célébrités». Imaginez Madonna se crêper le chignon avec George Michael parce qu’il lui a volé sa bombe de spray pour cheveux pendant que Britney Spears et Rihanna vont nourrir les cochons, si c’est pas la postérité, ça!

 

 

 

source:http://360.ch/blog/magazine/2012/09/les-icones-se-cassent-la-gueule/