Le Crips lance une « web-app » réservée aux jeunes ayant des rapports homosexuels

Le Crips est un centre ressources pour tous ceux qui s’impliquent, en Ile-de-France, dans la prévention du VIH/sida, des IST, des hépatites, des consommations de drogues et des comportements à risque chez les jeunes. Spécialiste de la prévention ludique, il vient de lancer une appli à destination des jeunes ayant des rapports homosexuels.

« Salut toi ! Moi, c’est Tony ! J’ai créé cette web-app pour partager avec toi mon expérience de jeune gay, je suis étudiant dans le domaine médical. Je te propose du fun, du sexe et des infos pour ton plaisir ! »
appli-tony-jeune-gayVous n’êtes pas sur un site de rencontres et « Tony » n’a pas d’existence réelle. Il est le héros virtuel d’une application en ligne que vient de lancer le Crips (Centre régional d’information et de prévention du sida) à destination des jeunes hommes ayant des pratiques homosexuelles.

Langage direct voire cru, dessins inspirés de l’univers « manga », l’application est clairement destinée à un public jeune. Et très ciblée, détaille Benoit Félix, infirmier chargé de mission au Crips. « Nous avons créé cette appli à la suite d’un appel d’offre du ministère de la Santé, inquiet de voir l’épidémie de VIH repartir dans certains milieux.

Le Crips a souhaité créer une plateforme de santé sans tabou, où les jeunes peuvent trouver des informations claires et sérieuses.

Il s’agit de jeunes hommes, souvent de banlieue, qui ne fréquentent pas les lieux gays de la capitale, n’ont de fait pas accès à l’information proposés dans bars et clubs et vivent leurs pratiques sexuelles dans un grand isolement. Il en résulte des pratiques cachées, souvent à risque, sur fond de double vie. »

« Le portable, unique lieu d’intimité »

Quel meilleur moyen pour toucher ce public caché qu’une appli ? « Souvent, le téléphone portable et le seul et unique lieu d’intimité pour ces jeunes. L’ordinateur familial n’est pas assez discret, la chambre pas forcément un lieu privé… Ils utilisent des applis de rencontres géolocalisées sur leur smartphone, c’est donc par ce support que nous essayons de les sensibiliser », ajoute Benoit Félix qui a mené le projet en coopération constante avec des jeunes de 16 à 25 ans. Tout a été pensé d’après leurs propres questions et avec leur vocabulaire, parfois cru. D’où la restriction du site aux plus de 18 ans.

Sur l’appli, Tony donne des conseils et propose un quizz sur certaines pratiques sexuelles et leur danger, pour « te permettre de t’y retrouver et de savoir dans un moment Sex, là où il y a un risque VIH et là où il n’y en a pas. » Selon les réponses données, soit il rassure, soit il donne des conseils très concrets et pratiques du type « rends-toi aux urgences les plus proches dans les quatre heures qui suivent la prise de risque (maxi 48h) et demande un traitement post-exposition ».

On trouve aussi sur ce site un lexique très complet, qui ne manque pour autant pas d’humour : un « WikiPD » sur le modèle de la désormais célèbre « encyclopédie libre ». Le projet, pilote, pourrait être décliné vers d’autres publics (jeunes femmes, autres orientations sexuelles). Reste une barrière à franchir : faire connaître l’appli Tony avec peu de moyens pour le Crips, qui mise sur le relais par les associations et les infirmières scolaires, par exemple.

Financé par la direction générale de la Santé, le projet est un pilote. En fonction de son succès, il pourrait être décliné pour d’autres publics. Pour Tony jeune gay, les dessins ont été réalisés bénévolement par l’artiste de manga, Kinu Sekigushi.

Retrouver l’appli « Tony jeune gay »
avec Caroline Boudet