Il était l’un des plus anciens malades du sida en France : Eric David est décédé à l’âge de 60 ans

Comme il le disait lui-même dans le Journal du Dimanche en 2012, Eric David était un “vétéran du sida” :

“J’ai vu tellement de camarades d’hôpital mourir… Je me suis cru mort moi aussi”.

Éric David a survécu à l’hécatombe des années 1980, quand l’épidémie décimait la communauté homosexuelle. Il a réchappé à un cancer et apprivoisé ses reins défaillants.

Vivre avec le sida, vieillir avec lui, n’est pas simple. Au cours de son long voyage au bout de la maladie, Éric David, le revenant, a enterré sa mère chérie alors que le contraire avait longtemps été certain. Il a connu le meilleur de l’hôpital public (services de pointe, infirmières et médecins aux petits soins) et le pire (hospitalisation au milieu de grabataires malades d’Alzheimer quand le sida lui donnait un peu de répit mais pas la possibilité de sortir de l’hôpital). “C’étaient presque des mauvais traitements. Je n’aurais jamais tenu sans les gens de l’association.”

C’est en 1986, cinq ans seulement après l’apparition officielle du virus aux États-Unis, qu’il apprend de la bouche de son médecin traitant qu’il est atteint du sida. Le monde s’écroule pour cet homme de 32 ans qui va pourtant trouver la force de se battre contre un mal dont on ne sait encore pas grand-chose. Eric David sera l’un des premiers à bénéficier des trithérapies, le premier traitement.

En 1994, Eric David porte plainte contre la marque italienne Benetton qui, dans une publicité, présente des corps tatoués “HIV positive“. Pour lui, ce slogan fait référence aux tatouages des camps nazis ou aux tampons des services vétérinaires sur la viande des abattoirs. Il porte donc plainte pour discrimination, au nom de tous les malades du sida. Benetton est condamné en février 1995. Et le Caennais va poursuivre son combat pendant 20 ans encore contre l’homophobie, pour les tests VIH gratuits ou tout simplement pour que l’on n’oublie pas que le sida continue de tuer.

Ses obsèques se dérouleront en l’abbatiale Saint-Etienne à Caen ce vendredi après-midi.

Source : francebleu.fr