Genève Pas si rose, la future Constitution!

L’identité de genre sera la grande absente du projet de Constitution soumis au vote des genevois en octobre prochain. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé…

 

Après quatre ans de débats et de nombreux psychodrames, ça y est: les constituants genevois ont remis leur copie. La balle est maintenant dans le camp de la population qui devra accepter ou refuser le texte le 14 octobre prochain. Quatre ans de travaux où le débat n’aura pas volé très haut. Où les menaces de raboter les précieux acquis obtenus depuis 1847 n’ont pas manqué: tentatives de supprimer le droit au logement, l’égalité homme-femme ou encore de revenir sur l’interdiction de l’utilisation de l’énergie nucléaire. En résumé, une folle partie de poker menteur. De la politique, quoi. Mais tout ça, c’est fini. Le texte est bien là. La peur de voir échouer un projet aussi nécessaire d’un point de vue institutionnel que coûteux aura sans doute fait retrouver la raison aux plus ambitieux.

 

Au rayon des ambitieux, il y a ceux que je citais plus haut: les adeptes d’une version light; convaincus qu’ils sont qu’un article général interdisant toutes les discriminations pouvait suffire, la charte fédérale faisant le reste. Et puis il y a les autres, parfois aussi extrêmes. De notre avis, cette Constitution se devait de rassembler autour de droits fondamentaux. Proposer un nouveau contrat social, actualisé. Un véritable miroir de nos préoccupations contemporaines. Pour mieux unir, pour mieux nous protéger. Et force est de constater qu’au chapitre des oubliés figurent toujours les mêmes. Si la discrimination basée sur l’orientation sexuelle est prohibée – à l’issue d’âpres débats – l’identité de genre ne fera pas partie du catalogue des droits fondamentaux protégé par ce projet de Constitution.

 

Essayé pas pu

Les raisons du refus de voir l’identité de genre y figurer est, il faut bien le dire, principalement le fait de la droite. Et on connaît la chansonnette, tout comme la connaît Delphine Roux, coordinatrice de la Fédération genevoise des associations LGBT: «On nous a soit expliqué que l’identité de genre était comprise dans le terme orientation sexuelle, soit les constituants on fait mine de ne pas comprendre. Enfin, certains ont compris, tout en refusant de l’ajouter au texte.» Pour le chef de groupe des constituants libéraux–radicaux Lionel Halperin, «Quand la discussion a eu lieu en plénière, il est vrai que la thématique transgenre et d’identité de genre n’est pas apparue comme historiquement aussi importante que la question de la couleur de la peau.» Et ce dernier d’ajouter: «Nous avions prévenu la gauche: dès que l’on commence à faire un catalogue, on crée toujours des insatisfaits.»

 

Quoiqu’il en soit, la position de la Fédération genevoise des associations LGBT est claire. Elle n’appelle pas à refuser le texte. «Cela ne nous semblait pas très constructif de rejeter le projet en l’état. Nous nous réservons par contre le droit de revenir à la charge par tous les moyens utiles une fois le texte accepté», précise Delphine Roux. L’identité de genre n’aura donc pas eu sa révolution constitutionnelle en 2012. Rappelons qu’il aura fallu plus de 150 ans aux Genevois pour revoir ce texte fondateur. Il ne nous reste qu’à espérer qu’il n’en faudra pas 150 autres pour voir les questions liées au genre et à leur défense enfin empoignées comme de véritables enjeux de société.

 

 

source:http://360.ch/blog/magazine/2012/07/une-constitution-pas-si-rose/