Dix ans après avoir inscrit le mariage entre personnes de même sexe dans le droit fédéral, la Cour suprême des États-Unis pourrait être amenée à reconsidérer cette avancée majeure des droits civiques. Kim Davis, ancienne greffière du Kentucky célèbre pour avoir refusé en 2015 de délivrer des licences de mariage à des couples homosexuels en invoquant ses convictions religieuses, a saisi la haute juridiction. Elle demande formellement l’annulation de l’arrêt Obergefell v. Hodges qui, en juin 2015, a reconnu le mariage égalitaire sur l’ensemble du territoire américain.
Kim Davis, brièvement emprisonnée à l’époque pour son refus, conteste aujourd’hui un jugement la condamnant à indemniser un couple lésé. Son avocat dénonce une « erreur flagrante », qualifiant l’arrêt de « fiction juridique » imposant le mariage homosexuel au nom du 14e Amendement. Il soutient également que sa cliente devrait être protégée par la liberté religieuse garantie par le Premier Amendement.
Cette démarche intervient alors que plusieurs États conservateurs multiplient les initiatives législatives pour restreindre les droits des personnes LGBTQ+. En 2025, neuf d’entre eux ont adopté des mesures visant à empêcher la délivrance de nouvelles licences de mariage aux couples de même sexe ou à demander à la Cour suprême d’abroger son arrêt historique. La portée symbolique et juridique de ce dossier est donc considérable.
Depuis 2015, environ 823 000 couples homosexuels se sont mariés aux États-Unis, près d’un cinquième d’entre eux élevant des enfants. Malgré un soutien populaire stable autour de 70 %, selon une enquête Gallup menée en mai 2025, l’opinion s’est légèrement polarisée, notamment chez les Républicains, où la défiance envers le mariage pour tou·te·s a augmenté ces dernières années.
Si la Cour suprême accepte d’examiner la requête, une audience pourrait se tenir au printemps 2026. Toutefois, des experts estiment que la majorité conservatrice de la Cour, qui compte désormais trois juges nommés par Donald Trump, préférera laisser d’autres affaires similaires remonter des juridictions inférieures avant de statuer.
En cas d’abrogation de Obergefell, la loi fédérale dite Respect for Marriage Act, adoptée en 2022 via l’administration Biden, continuerait néanmoins d’obliger les États et le gouvernement fédéral à reconnaître les mariages déjà contractés, assurant ainsi une protection aux couples mariés.
Cette nouvelle controverse illustre à nouveau la fragilité des acquis face aux évolutions politiques et à la montée des conservatismes religieux et sociaux.















