Entre fête et revendications, Limoges célèbre sa 4ᵉ Marche des Fiertés

Les rues de Limoges se sont couvertes de couleurs ce samedi 13 septembre après-midi. Pour la quatrième année consécutive, la Marche des Fiertés a rassemblé plusieurs centaines de personnes venues affirmer leur droit à vivre pleinement, dans un contexte marqué par la recrudescence des violences LGBTphobes.

Une fête, mais surtout une manifestation politique

Derrière les drapeaux arc-en-ciel et les paillettes, les slogans rappelaient la gravité du moment. « Notre but, c’est de pouvoir vivre et arrêter de survivre », a lancé Urazoria, artiste drag du collectif Blasted, reprise par une foule déterminée à se faire entendre.
« On donne l’impression de célébrer, mais c’est avant tout une manifestation politique, souligne Kléopatre, drag queen limougeaude. Nous revendiquons nos droits et notre existence face à ceux qui les contestent. »

Le thème « Touche pas à mon genre »

Cette édition portait le slogan « Touche pas à mon genre », choisi pour dénoncer la montée des discours hostiles aux personnes trans. « L’élection de Donald Trump et ses politiques anti-trans ont eu un impact jusque chez nous, constate Nicolas Gilles, président du centre LGBTI+ Lim’Bow. Beaucoup nous ont rapporté des violences accrues. »

Les blessures locales encore présentes

La marche s’est également chargée d’une dimension commémorative. Une minute de silence a été observée en mémoire de Léa, jeune femme trans agressée en août à Limoges, et de Caroline Grandjean, enseignante auvergnate victime d’homophobie, récemment suicidée.
« Elle a le droit d’exister comme tout le monde, on a tous ce droit », a insisté Elonna, participante émue.

Insécurité et solidarité

Plusieurs témoins décrivent une ville où la visibilité reste risquée. « Il y a des endroits où l’on ne se sent pas en sécurité », confie à France Info, Sophie, femme trans, venue avec son compagnon. « Même si on circule assez librement dans le centre, il y a des moments où c’est limite. »
Dans ce contexte, la présence des associations et des soutiens militants prend une dimension particulière. « La communauté trans fait pleinement partie de la communauté LGBTQIA+. Nous avons besoin d’elles et elles ont besoin de nous », rappelle Christophe Madrolle, artiste militant.

Une clôture festive malgré tout

La marche s’est achevée sur la place de la République, où concerts et spectacles ont prolongé l’élan collectif. Un moment de joie partagée, qui n’efface pas la gravité des revendications mais affirme, au cœur de la grisaille, la vitalité d’une communauté décidée à ne plus se taire.