Dépistage: le Checkpoint du Marais lutte pour sa survie

Malgré l’optimisme qui a soufflé sur la conférence de Washington, le soutien français au dépistage se fait attendre. Rencontre avec Eve Plenel, directrice du «Checkpoint», dans le Marais, qui espère éviter la fermeture.

C’est un modèle connu et apprécié. Le Checkpoint proposé par Le kiosque propose depuis janvier 2010 une consultation médicale et un dépistage rapide, en moins d’une heure. Il reste bien sûr ouvert cet été.

Cette formule plaît aux gays puisque 9.000 tests de dépistage rapides ont été effectués entre janvier 2010 et août 2012. «C’est un succès et deux-tiers des consultants viennent pour la première fois» se félicite Eve Plenel, la directrice. «Ils sont rassurés par la présence dans l’équipe d’un accueillant, d’infirmiers et de médecins à qui ils peuvent tout dire, sans crainte d’être jugés ou discriminés.»

Manque de financements
Chaque entretien est l’occasion d’un échange approfondi sur la prévention et la réduction des risques sexuels. Les gays qui fréquentent le Checkpoint du Marais sont aussi encouragés à revenir plusieurs fois par an pour un dépistage de routine. Ce qu’ils ne faisaient pas avant avec l’offre de dépistage classique.

Malgré l’évidente qualité du projet, les financements manquent. Chaque dépistage qui revient à environ 65 euros est financé à hauteur de 25 euros par un budget spécifique de l’assurance-maladie, le Fonds national de prévention, d’éducation et d’information sanitaire (FNPEIS). L’Agence régionale de santé (ARS) chargée de la politique de santé et de prévention en Ile-de-France ne finance, étrangement, aucune consultation médicale alors qu’elle soutient le dépistage non médicalisé d’autres associations.

Un soutien trop discret
Devant ce qui ressemble bien à un imbroglio, Eve Plenel a tenté d’obtenir de Marisol Touraine, ministre de la santé, un signe positif. A Washington, la ministre a dit, lors d’un rendez-vous avec les associations et lors d’une conférence de presse que les innovations sur le dépistage serait pérennisées et donc soutenues. Alors Eve, on est rassurée? «C’est une assurance mais mes craintes ne sont pas levées. Une fermeture fin 2012 reste à craindre, si la parole ministérielle ne se concrétise pas en financements complémentaires.»

Il est aujourd’hui établi qu’un dépistage précoce du VIH, allié à une mise sous traitement rapide fait baisser les nouvelles infections. Dans un entretien accordé à France 2, Marisol Touraine a prôné la prudence, face au test salivaire vendu librement aux Etats-Unis, sans soutien médical ni associatif. Pour la ministre, «cela peut être un choc d’apprendre seul sa séropositivité» Elle a redit sa volonté que chacun puisse être «accompagné et soigné ensuite». Une réflexion sur la réorganisation des Centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) a aussi été entamée, parce que cet outil ne correspond plus totalement à la demande, notamment des gays. Bref, tout converge pour montrer l’utilité du Checkpoint et l’équipe refuse de perdre espoir.

 

 

source: http://www.tetu.com/actualites/sante/depistage-le-checkpoint-du-marais-lutte-pour-sa-survie-22018