Ces homosexuels qui considèrent que les relations intimes entre personnes du même sexe sont un « péché »

« Tu n’auras pas de relations sexuelles avec un homme comme on en a avec une femme; c’est une abomination » (Lévitique XXVIII/22). Voici le verset sur lequel Ron Belgau se base pour affirmer que Dieu interdit les rapports intimes entre les personnes du même sexe. Originaire de Seattle, cet homme de 40 ans est gay et chrétien. Il est l’auteur de Spiritual Friendship, un blog qui encourage les homosexuels croyants à rester célibataires. Il se place donc du « Côté B ».

Contrairement au « Côté A », qui accepte les relations et mariages entre deux hommes ou deux femmes, il voit ces unions comme un péché. Le « Côté B » ne cherche cependant pas à « guérir » les homosexuels comme le font certains chrétiens et ne prétend pas que ces désirs peuvent être changés. Ron Belgau a confié dans une interview au site Mic, relayée par 7sur7, qu’il avait entretenu plusieurs amitiés avec d’autres hommes au cours de sa vie et que cela lui avait appris la valeur de « l’amour spirituel » : « J’ai compris qu’on pouvait avoir beaucoup d’intimité sans sexe ».

Seth Crocker fait lui aussi partie du « Côté B ». Lorsqu’il était plus jeune, il a tenté de se persuader qu’il pouvait devenir hétérosexuel. « Je ne comprenais pas comment je pouvais à la fois être gay et entretenir une relation avec Dieu », a-t-il expliqué. « J’étais en colère contre Dieu ». En grandissant, le jeune homme a appris à accepter ses préférences sexuelles mais il a fait vœu de chasteté. Il affirme que cette décision l’a « libéré » même s’il avoue qu’elle n’est pas facile à prendre: « Je sais à quel point le célibat est dur et à quel point on peut se sentir seul, isolé. Je comprends pourquoi quelqu’un entretient une relation avec une personne du même sexe, pour l’amour et la compagnie ».

Mais les homosexuels qui font le choix de rester célibataires affirment que cela leur permet d’avoir un rapport plus direct, plus personnel avec Dieu. « Nous sommes appelés à être comme le Christ, qui n’a pas eu de relation significative avec un autre être humain », ajoute Seth Crocker. « C’est un modèle incroyable de ce que nous pouvons faire. La vie peut être très épanouissante quand vous avez le sentiment d’être appelé à faire quelque chose qui vous dépasse ».

« S’ils sont heureux, pourquoi pas ?! Mais ne faisons pas non plus de cas, des généralités », explique Isabelle, lyonnaise de 29 ans, également homosexuelle et fervente pratiquante. « Il n’y a pas de mal à se faire du bien. Et l’être humain n’est pas non plus voué à une vie de “chastes moines”. Sinon la nature nous aurait constitués bien autrement. Et puis, vivre sur cette notion que les homosexuels seraient l’expression manifeste du démon pour se rapprocher de l’expérience divine est tout à fait incohérent. Nous sommes toutes et tous à l’image et à la ressemblance du créateur, selon la Bible. Alors en attendant de retrouver le créateur… »

A Alençon, Eric, 53 ans, vient aussi de participer à une réunion sur le thème « Homosexuels et catholiques, sortir de l’impasse ». Il est gay, croit en « Dieu », mais ne va plus à la messe depuis deux ou trois ans : « le regard des autres est un peu pesant»
Engagé dans des associations catholiques, Eric était devenu responsable d’une structure qui organise des pèlerinages à Lourdes, « jusqu’au jour où on m’a fait comprendre qu’on ne voulait pas de quelqu’un “comme ça”… Si j’avais pu choisir, j’aurais préféré être hétéro. Tout aurait été plus simple », explique t-il dans un entretien sur Ouest-France. Mais « je n’allais pas encore à l’école que je le savais déjà que j’étais homosexuel ». Et quand il va l’annoncer à ses parents « je me souviens que ma mère s’est arrêtée de tricoter. Mon père n’a jamais accepté ». Eric avait 22 ans. Il est parti vivre avec son compagnon. « Ce n’est pas la religion qui me rejette  », ajoute t-il  « ce sont les gens ».

Pour Isabelle, « le salut » ne saurait se résumer à un code de Loi transmis aux Israélites, pour se donner bonne conscience ou ne pas être « jugé ». « Les chrétiens » sont unis au « Christ » et à ses paroles, « basées sur l’amour et la foi en la valeur de son sacrifice et non plus aux règles du Lévitique rendues caduques. Sinon, tous les chrétiens, peu importe leur orientation sexuelle, devraient être lapidés. Et encore une fois, ce n’est pas d’homosexualité, dont on parle dans la Bible, mais de viol avec sodomie, liée à des rituels et pratiques barbares dans la mouvance de l’époque. »

Rien n’est mystérieux lorsqu’on cherche la réponse…