Au Sénégal, le Parlement rejette une nouvelle proposition de loi durcissant la répression de l’homosexualité

Au Sénégal, le Parlement rejette une nouvelle proposition de loi durcissant la répression de l’homosexualité

Ce vendredi 28 avril, le Parlement du Sénégal a rejeté toute une série de propositions, dont un texte durcissant la criminalisation de l’homosexualité, déjà passible d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende, selon l’article 319 du Code pénal (datant de 1966).

L’initiative était soutenue par l’opposition qui dénonce « un blocage de la majorité mécanique », après des années de plaidoyers et d’intenses campagnes de lobbying orchestrées par des groupes religieux, notamment « And Samm Jikko » (« Ensemble pour la sauvegarde des valeurs »). Fondé par l’ONG islamique Jamra, le collectif réclamait une loi spécifique contre les actes qu’elle considère « contre-nature ».

Mais pour le bureau de l’Assemblée, les actes visés étant déjà bannis, cette loi, à « la réalité insignifiante », est « irrecevable ». « Elle n’apporte rien au débat public », et si elle avait été votée, « elle n’aurait aucun impact », au contraire. Et ce n’est d’ailleurs « ni courageux ni pertinent » de le faire, au vu de la situation sociale du pays. « On n’a pas besoin d’une loi qui apporte de nouvelles sanctions sur la base d’émotions, qui nous coûte le remplissage de nos prisons », a insisté un député de la majorité du président Macky Sall.

Le parlement avait déjà débouté en janvier 2022 un projet similaire, prévoyant de doubler les peines punissant l’homosexualité, de 5 à 10 ans de prison ferme, avec une amende jusqu’à 5 millions de francs CFA (plus de 6600 euros) et sans possibilité d’accorder des circonstances atténuantes. Le texte visait aussi, en pratiques assimilées, « lesbianisme, bisexualité, transsexualité, intersexualité, zoophilie, nécrophilie… ».