Argentine : mobilisation massive contre la politique réactionnaire de Javier Milei

Ce samedi 1er février, des milliers d’Argentins sont descendus dans les rues de Buenos Aires et d’une dizaine d’autres villes pour dénoncer les attaques du président Javier Milei contre le féminisme, les droits LGBT+ et la justice sociale. Son discours incendiaire au Forum de Davos (Suisse) a déclenché une vague d’indignation qui dépasse les clivages politiques pour devenir un véritable mouvement social.

Un discours qui fracture

À Davos, le président Milei a en effet violemment fustigé ce qu’il appelle le « wokisme », un « virus mortel » gangrenant les institutions, les médias et les entreprises. Il a qualifié le féminisme de quête de « privilèges » et assimilé l’idéologie de genre à de la « maltraitance des enfants ».

Si son ultralibéralisme économique était attendu, l’agressivité de ses propos sur les questions de société marque un tournant. Même à droite, certains s’inquiètent de sa radicalisation et de son rapprochement avec des figures ultraconservatrices comme Donald Trump, Viktor Orbán ou Giorgia Meloni.

Une riposte massive de la société civile

Les déclarations du président ont provoqué une onde de choc. Juristes et parlementaires réclament une procédure de destitution pour atteinte aux droits fondamentaux. Les mouvements féministes et LGBT+, directement visés, ont lancé une mobilisation d’ampleur.

Le 1er février, les rues de Buenos Aires et d’autres grandes villes ont résonné de slogans comme « Nous ne retournerons jamais dans le placard » et « Pas un pas en arrière ». Plus qu’une manifestation, le rassemblement s’est transformé en démonstration de force, rassemblant militants des droits humains, syndicats, retraités et artistes engagés.

Entre provocation et démantèlement social

Au-delà des discours, les manifestants dénoncent des mesures concrètes : suppression de l’Institut national contre la discrimination (INADI), coupes budgétaires dans la lutte contre les violences de genre, suppression de la notion de féminicide dans le code pénal…

Pour le politologue Gustavo Marangoni, cette stratégie s’inscrit dans une logique de polarisation. « Milei cherche à désigner un ennemi pour cimenter son électorat », analyse-t-il.

Une erreur politique ?

Si cette offensive renforce son image auprès de sa base la plus radicale, elle risque aussi de cristalliser l’opposition. Le journal conservateur La Nacion estime que Milei s’est éloigné de son terrain de prédilection – l’économie – pour embrasser un agenda sociétal explosif, réveillant une contestation qui pourrait lui coûter cher.

Face à lui, les manifestants promettent de ne rien lâcher. « Ce n’est pas une colère passagère », affirme la militante féministe Luci Cavallero. « Il s’agit de défendre des droits fondamentaux que Milei veut effacer. »