Agression homophobe au Grand Large (Mons): «Tu es pédé? On va t’en mettre une…»

Pourquoi ? C’est la question qui revient sans cesse à l’esprit de Sébastien, 31 ans, de Ghlin. Le nez cassé, un œil au beurre noir et le visage tuméfié, il nous a reçus dans son salon où il ne quitte plus sa batte de base-ball. Ce qui l’a mis dans cet état ? Une mauvaise rencontre avec un homme qui lui reprochait apparemment d’être homosexuel.

« Je suis allé boire un verre à la soirée organisée au Grand Large. Quand j’ai voulu quitter les lieux, vers 5h du matin le dimanche, des jeunes filles m’ont accosté », témoigne Sébastien. « Je leur ai expliqué que je n’étais pas intéressé, que j’étais gay. »

C’est alors que celles-ci décident, selon les dires de Sébastien, d’aller rapporter cette réponse à leurs amis situés un peu plus loin, avant de revenir terminer la conversation sur un tout autre ton. « Ah comme cela, tu es pédé ? Et bien on va t’en mettre une alors », c’est d’après la victime, la phrase que lui aurait lancé l’un des protagonistes, avant de se ruer sur lui. « Je n’ai rien compris, rien vu venir. J’étais en train de partir, je n’ai même pas eu le temps de parler, et ce type s’est mis a me taper dessus sans raison. Il s’est acharné, j’ai reçu plusieurs coups de poing dans le visage. J’entendais les filles crier derrière eux. Je crois qu’elles étaient choquées, elles ne s’attendaient pas à ce que la situation dégénère comme cela ». Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le visage en sang, sous le choc, Sébastien rentre chez lui avant que son ami ne réussisse à le convaincre de se rendre à l’hôpital.

« Je suis allé à Ambroise Paré. J’étais au guichet des urgences, j’allais donner ma carte de mutuelle quand j’ai cru reconnaître celui qui m’avait tabassé », dit-il. « Sans aucun scrupule et devant tout le personnel médical, il est venu me demander pourquoi j’étais là. À ses côtés, un homme m’a expliqué que son copain, lui aussi, devait se faire soigner parce qu’il avait cogné tellement fort qu’il s’en était fait mal à la main, mais que si je n’en avais pas eu assez il pouvait m’amocher encore plus ».

Menaçants, violents, les hommes ont dû être mis à l’écart par le service de sécurité de l’hôpital. « J’étais complètement paniqué. Je le suis toujours. Depuis dimanche, je ne suis pas sorti de chez moi, j’ai peur, je tremble. Je dors avec une batte de base-ball juste au cas où. Je me sens en insécurité complète à Mons, cet acte haineux me blesse profondément ».

Sébastien a déposé plainte auprès de la police. D’après lui, l’auteur des faits aurait été entendu. En attendant, le jeune homme regrette cette violence ciblée. « C’est clairement homophobe ! S’afficher tel que l’on est, c’est donc dangereux, même dans la ville du seul Premier Ministre homosexuel », regrette-t-il.

« Si j’ai un message à faire passer aux jeunes, ce serait celui de rester sur leurs gardes. Réfléchissez avant de sortir à Mons. Attention aux endroits que vous fréquentez, soyez toujours sur vos gardes. C’est triste d’avoir à tenir un tel discours, mais c’est comme ça », explique Sébastien. La victime est en incapacité de travail pour une durée de dix jours. « J’espère que mon agresseur sera puni », insiste-t-il.

D.B.