Etats-Unis Le Vatican invite les soeurs gay-friendly à rentrer dans le rang

Le Vatican a rappelé mardi aux religieuses américaines, qui adoptent des positions très libérales sur les moeurs, que l’obéissance s’applique aussi à elles : une explication ferme qui ne devrait pas pour autant mettre fin à l’insubordination.

Mi-avril, dans une “évaluation doctrinale” très sévère, la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) avait réclamé une réforme en profondeur de la LCWR, la plus grande organisation de religieuses aux Etats-Unis, avec 1.500 déléguées représentant environ 57.000 religieuses.

Les dirigeantes de la LCWR s’étaient dites choquées et blessées.

Alors que l’Eglise américaine est très divisée entre conservateurs anti-Obama et libéraux, Rome avait ce mardi convoqué la présidente de la LCWR, Soeur Pat Farrell, et sa directrice exécutive, Soeur Janet Mock.

Que leur reproche le Vatican ? Le “féminisme radical” de certaines de ses membres, un encouragement à l’ordination des femmes et une reconnaissance des couples homosexuels, l’appui à la réforme de santé du président Barack Obama, très contestée par l’épiscopat américain, car violant, selon lui, la liberté de conscience des catholiques sur la contraception.

Dans une lettre la semaine dernière, Mgr Leonard Blair, qui a mené une enquête à la demande du Vatican depuis 2008, juge que la LCWR offre “une plate-forme” aux opposants du pape, que certaines soeurs mettent en doute la foi romaine, parlent de “domination patriarcale” dans l’Eglise.

Dans le plus parfait huis clos, soeur Pat et soeur Janet ont rencontré plusieurs heures leur compatriote, le cardinal William Levada, préfet de la doctrine de la foi, accompagné de l’évêque chargé d’accompagner la refonte de la LCWR, l’évêque de Seattle, Mgr Peter Sartain.

“C’était une rencontre ouverte et nous avons été en mesure d’exprimer directement nos préoccupations”, a indiqué la LCWR dans un bref communiqué. Les soeurs vont en référer à leur conseil d’administration, puis à leur assemblée d’août.

“En vertu du droit canon”, a tenu cependant à rappeler le Vatican, la LCWR “reste sous la direction suprême du Saint-Siège”. Le Vatican entend “l’assister dans l’importante mission de promouvoir une vision de communion ecclésiale fondée sur les enseignements de l’Eglise (…) fidèlement enseignés à travers les âges sous la direction du magistère”.

Le message est clair: l’obéissance est requise, l’Eglise a une seule tête, doit parler d’une seule voix.

Les soeurs qui sont à la tête de la LCWR, en moyenne plutôt âgées, ont été très influencées par le vent libéral qui a soufflé sur l’Eglise américaine dans l’après-Concile. Elles se heurtent à une nouvelle génération catholique plus conservatrice.

Elles ont suivi les recommandations de la hiérarchie conciliaire en se formant dans des disciplines jadis généralement réservées aux seuls hommes dans l’institution (conseil conjugal, psychologie, etc.).

C’est leur liberté de parole sur les moeurs, la famille et “la défense de la vie” qui hérisse surtout le Vatican.

Il y a quelques jours, il a condamné durement un livre d’une religieuse américaine, Soeur Margaret A. Farley, justifiant les unions homosexuelles, la masturbation et le divorce.

Les religieuses ont beaucoup de soutiens, des pétitions ont été organisées. Les Franciscains des Etats-Unis (1.250 prêtres et moines) ont jugé “excessifs” le “ton et l’orientation” du Vatican.

> Manifestation de soutien

Une trentaine de personnes, dont deux franciscains, ont manifesté mercredi devant le siège des évêques américains à Washington pour exprimer leur “solidarité” envers les religieuses, qui subissent actuellement les foudres du Vatican pour être jugées trop libérales.

Une pétition lancée sur le site Change.org et signée par 58.000 personnes a été remise mercredi aux évêques pour que les prélats et le Vatican “retirent leur mainmise” sur les religieuses, a indiqué l’une des organisatrices de la manifestation, Margaret Johnson, de NunJustice.org.