Texas : une église de Dallas repeint ses marches aux couleurs de la fierté pour dénoncer la censure des symboles LGBTQIA+

Le 8 octobre 2025, le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, a demandé au Texas Department of Transportation (TxDOT), l’agence publique de l’État chargée de planifier, construire, entretenir et gérer les infrastructures de transport, de faire retirer les passages piétons arborant des motifs ou messages considérés comme relevant d’idéologies politiques, sous peine pour les municipalités de perdre tout ou partie des financements routiers de l’État ou fédéraux auxquels elles ont droit.

En réaction, l’Oak Lawn United Methodist Church (Oak Lawn UMC), église située au cœur du gayborhood de Dallas, a choisi de défier la directive en repeignant ses propres marches aux couleurs de la fierté.

Selon la pasteure Rachel Griffin-Allison, cette initiative se veut un « acte d’accueil et d’inclusion » à un moment où « l’espace public tend à se refermer ». L’église, fondée en 1874 et historiquement engagée auprès des minorités, entend rappeler que la visibilité n’est pas une provocation mais une nécessité. « Nous voulons que chacun voie ici un lieu sûr », a-t-elle déclaré à la presse locale.

La mairie de Dallas a confirmé avoir reçu la lettre du TxDOT mais n’a pas encore annoncé de décision quant au retrait des passages piétons colorés du quartier d’Oak Lawn, symbole de la vie LGBTQIA+ texane. Dans d’autres villes, notamment à Houston, les marquages arc-en-ciel ont déjà été effacés sous surveillance policière, malgré des rassemblements de protestation.

Le TxDOT affirme vouloir garantir la « neutralité » de l’espace public et le respect des standards fédéraux de signalisation. Mais pour les associations locales, cette consigne revient à effacer la présence des communautés LGBTQIA+ de la sphère publique, dans un État déjà marqué par une série de textes controversés sur l’éducation, la santé ou les droits des personnes trans.

Plusieurs États gouvernés par les républicains ont récemment adopté des lois restreignant l’affichage de symboles liés à la diversité sexuelle et de genre dans les établissements scolaires ou les bâtiments publics. Au Texas, le gouverneur Abbott s’est déjà illustré en soutenant des mesures interdisant certaines lectures inclusives et en tentant d’imposer l’affichage des Dix Commandements dans les écoles, un projet bloqué par la justice fédérale au nom de la neutralité religieuse.

L’enjeu dépasse les couleurs d’un passage piéton : il touche à la liberté d’expression et à la possibilité d’exister dans l’espace public sans être ramené à un « agenda politique ». À Dallas, la décision de l’Oak Lawn UMC illustre cette résistance pacifique : déplacer le symbole vers un lieu privé, quand la rue est menacée de censure.

La municipalité de Dallas doit encore statuer sur l’application concrète de la directive d’ici la fin du mois d’octobre. En attendant, les marches multicolores de l’église sont devenues un nouveau point de ralliement pour les habitants du quartier.

« Effacer les couleurs ne changera pas qui nous sommes », a confiaé un militant sur place. Dans un État où l’affirmation des droits LGBTQIA+ reste souvent perçue comme un acte politique, la symbolique de ces marches, simples, mais visibles, rappelle que la lutte pour la visibilité et l’inclusion se joue aussi, littéralement, au pas de la porte.