Pour la première fois de son histoire, l’Église de Norvège a présenté jeudi 16 octobre des excuses officielles à la communauté LGBTQ+, reconnaissant les souffrances et les discriminations causées par des décennies d’exclusion religieuse. Un geste symbolique fort, prononcé dans un lieu hautement significatif : le London Pub d’Oslo, bar gay emblématique et cible d’un attentat en 2022.
« Nous avons causé honte, grand tort et douleur », a déclaré le président-bishop Olav Fykse Tveit, au nom de l’institution. L’Église, longtemps marquée par une vision conservatrice de la sexualité, reconnaît désormais que son attitude passée a « blessé des personnes, détruit des vies » et éloigné nombre de croyants LGBTQ+ de la foi.
Jusqu’aux années 1970, plusieurs responsables religieux qualifiaient encore l’homosexualité de « danger social ». La dépénalisation de l’homosexualité en Norvège, en 1972, avait marqué le début d’une reconnaissance légale, mais l’Église est restée silencieuse, voire hostile, pendant plusieurs décennies. Il a fallu attendre 2007 pour que l’institution ordonne ses premiers pasteurs homosexuels, puis 2017 pour que les mariages entre personnes du même sexe soient célébrés à l’autel. Ces évolutions, bien qu’importantes, n’avaient encore jamais été accompagnées d’un geste institutionnel de réparation.
Un symbole fort dans un pays pionnier des droits LGBTQ+
La Norvège figure parmi les États les plus avancés d’Europe en matière de droits LGBTQ+ : mariage égalitaire depuis 2009, adoption conjointe, protection contre les « thérapies de conversion », et reconnaissance légale du genre autodéterminé. Mais comme le rappelle l’événement d’Oslo, ces avancées n’ont pas toujours trouvé d’écho au sein des institutions religieuses, longtemps silencieuses ou hostiles.
Le choix du London Pub pour cette prise de parole n’est pas anodin. Devenu symbole de résilience après l’attentat de 2022 contre la Pride d’Oslo, le lieu incarne la mémoire d’une communauté encore marquée par la violence et le rejet. En y formulant ses excuses, l’Église a voulu témoigner d’une reconnaissance publique, dans un espace où tant de fidèles avaient été exclus.
Entre réparation et mémoire
Si la démarche a été saluée par une partie de la communauté comme un acte de courage, d’autres l’ont jugée tardive. « Ces excuses arrivent trop tard pour celles et ceux morts du sida, rejetés ou culpabilisés par leur Église », a rappelé un militant norvégien cité par Le Monde.
Plusieurs associations appellent désormais à prolonger ce geste par des actions concrètes : accompagnement spirituel inclusif, formation du clergé à la diversité des identités, et soutien aux victimes de violences homophobes.
Un mouvement plus large de reconnaissance
L’Église de Norvège rejoint ainsi d’autres institutions religieuses, notamment au Canada, en Allemagne ou en Irlande, qui ont récemment admis leur responsabilité dans la stigmatisation des personnes LGBTQ+. Un tournant rare mais révélateur d’une évolution mondiale vers davantage de reconnaissance et de justice symbolique, dans un contexte où les droits LGBTQIA+ restent menacés dans de nombreuses régions du monde.
















