La Haute Autorité de santé (HAS) a publié ce vendredi 18 juillet ses premières recommandations sur la prise en charge médicale des adultes transgenres. Une étape majeure, qui entérine la dépsychiatrisation des parcours de transition et reconnaît formellement le droit à l’autodétermination.
Fruit de plus de deux ans de travaux, mobilisant 128 expert·es, à la demande du ministère de la Santé, ce rapport, fort de 152 recommandations, marque une évolution significative dans l’approche institutionnelle de la transidentité en France. Pour la première fois, une autorité sanitaire nationale affirme clairement que le fait d’être trans ne relève pas d’une pathologie, mais d’un choix personnel légitime qui doit être accompagné dans le respect de la personne concernée.
Fin des évaluations psychiatriques systématiques
La HAS recommande explicitement de ne plus conditionner l’accès aux traitements hormonaux ou aux interventions chirurgicales à un diagnostic psychiatrique. « Un avis psychiatrique systématique n’est pas recommandé », indique le document, qui préconise à la place un accompagnement psychologique modulable, en fonction des besoins exprimés par les patient·es.
« Les soins de transition ne sont pas un confort, mais un enjeu vital », a déclaré Claire Compagnon, présidente de la commission des recommandations, lors d’une conférence de presse à Saint-Denis. Elle insiste sur la nécessité de garantir à chaque personne trans un accès effectif à des soins adaptés, dans un cadre sécurisé et sans jugement.
Des inégalités persistantes sur le territoire
Le rapport souligne néanmoins les disparités préoccupantes dans l’accès aux soins selon les régions. En l’absence de structures ou de professionnel·les formé·es, de nombreuses personnes se retrouvent contraintes à l’automédication ou à retarder leur prise en charge, avec des conséquences parfois dramatiques sur leur santé mentale.
Dans ce contexte, la HAS recommande une meilleure structuration du réseau de soins, assortie d’un consentement adapté et d’une information complète sur les risques et l’irréversibilité des actes chirurgicaux.
Mineurs : pas de consensus avant 2026
Concernant les jeunes trans, l’institution suspend ses recommandations : « Il y a un consensus pour les majeurs, pas pour les mineurs », a déclaré Lionel Collet, président de la HAS, précisant que les travaux pour élaborer des protocoles pour les moins de 18 ans débuteront « début 2026 ».
Une réception contrastée dans un climat sous tension
Ces recommandations interviennent dans un contexte marqué par la montée des discours anti-trans dans l’espace public. Plusieurs associations dénoncent les pressions exercées par des groupes réactionnaires tout au long de la consultation. Malgré cela, elles saluent un tournant décisif.
« Il fallait que ce soit dit : l’identité de genre ne se médicalise pas, elle s’affirme », insiste Anaïs Perrin-Prevelle, directrice d’OUTrans, qui a participé au groupe de travail. STOP homophobie salue également « une étape indispensable vers la reconnaissance du droit à l’autodétermination », tout en alertant sur le silence concernant les mineurs, qui « les expose à davantage de vulnérabilités et de discriminations ».
Avec ces recommandations, la HAS pose les fondations d’un changement de paradigme : désormais, reste à transformer ces principes en pratiques effectives via la formation des professionnel·les, l’harmonisation territoriale de l’offre de soins, et, bientôt, un cadre clair pour les jeunes.














