Après une première action intentée en avril contre l’État du Maine, le ministère de la Justice américain a annoncé, ce mercredi 9 juillet, l’engagement de poursuites judiciaires contre l’État de Californie, accusé de violer la loi fédérale en autorisant des élèves transgenres à concourir dans les compétitions sportives scolaires publiques selon leur identité de genre.
La Californie, État le plus peuplé du pays et traditionnellement progressiste, applique depuis 2013 une loi qui permet aux élèves transgenres de rejoindre les équipes sportives correspondant à leur genre ressenti. Ce dispositif vise à garantir l’inclusion et l’égalité dans le milieu scolaire.
Mais pour l’administration Trump, cette politique constitue une injustice. La ministre de la Justice, Pam Bondi, a insisté : « Forcer des femmes et des filles à affronter des hommes et des garçons dans des sports de compétition est non seulement profondément injuste, mais également illégal », citant le Titre IX, une loi fédérale adoptée en 1972 qui interdit toute discrimination liée au sexe dans les établissements scolaires recevant des fonds publics.
Cette loi, initialement pensée pour protéger les droits des filles et femmes dans l’éducation, est aujourd’hui au cœur d’une interprétation divisée. Selon le gouvernement républicain, permettre à des filles transgenres de participer aux compétitions féminines porterait atteinte à l’équité sportive et priverait les jeunes femmes cisgenres de chances égales, notamment en matière de victoires ou de bourses sportives.
En réponse, la Californie maintient fermement sa position. La porte-parole du gouverneur démocrate Gavin Newsom a souligné qu’« aucun tribunal n’a validé l’interprétation restrictive du Titre IX avancée par l’administration Trump » et a dénoncé une « tentative politicienne de détourner l’attention des vrais enjeux éducatifs ».
Le cas AB Hernandez
Le débat a pris une dimension nationale avec le cas d’AB Hernandez, une lycéenne transgenre californienne ayant remporté plusieurs titres en athlétisme. Sa participation a déclenché une vive polémique, Donald Trump la qualifiant publiquement de « totalement injuste » pour les autres compétitrices féminines.
Pour calmer les tensions, la Fédération interscolaire californienne (CIF) a instauré un système où, lorsqu’une athlète trans se classe sur le podium, elle partage la médaille avec l’athlète cisgenre la mieux placée. Si cette mesure a été vue comme un compromis, elle est vivement critiquée par des associations LGBT+ qui y voient une discrimination institutionnalisée.
Une offensive politique majeure
Cette nouvelle action judiciaire s’inscrit dans une stratégie plus large de l’administration Trump, qui menace désormais la Californie de lui couper plusieurs milliards de dollars de financements fédéraux destinés à l’éducation si l’État ne modifie pas ses règles.
Pour les défenseurs des droits des personnes transgenres, cette procédure est avant tout une manœuvre politique, destinée à stigmatiser une minorité déjà vulnérable. Shannon Minter, directrice juridique du National Center for LGBTQ Rights, dénonce un « procès sans fondement qui met en danger des adolescents souhaitant simplement pratiquer le sport en toute dignité ».
Le ministère de la Justice américain avait déjà engagé en avril une action similaire contre le Maine, également accusé de « discrimination envers les femmes », pour avoir refusé d’interdire aux athlètes transgenres de participer aux compétitions féminines.














