À la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida (1ᵉʳ décembre), les derniers bilans publiés en 2025 confirment que le VIH reste une menace sérieuse. Tandis que la réponse américaine marque un recul symbolique et financier, l’Europe et la France enregistrent encore de nombreux diagnostics tardifs et des difficultés d’accès au dépistage, un signal d’alerte pour la santé publique.
En Europe
Selon un rapport publié le 27 novembre 2025 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) / Europe et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), la Région européenne a recensé 105 922 nouveaux diagnostics de VIH en 2024. Plus de la moitié des personnes diagnostiquées (54 %) l’ont été « trop tard » pour bénéficier d’un traitement optimal. Dans l’Union européenne et l’Espace économique européen (UE/EEE), la proportion reste préoccupante, avec 48 % de diagnostics tardifs.
Ces retards dans le diagnostic limitent l’accès rapide aux traitements antirétroviraux et compromettent la capacité à contenir l’épidémie et à prévenir la progression vers le sida.
La situation en France
D’après le bilan 2024 de Santé publique France, environ 5 100 personnes ont découvert leur séropositivité cette année en France. Près de 10 000 personnes vivaient avec le VIH sans le savoir. Bien que la majorité des personnes séropositives soient aujourd’hui traitées, les diagnostics tardifs freinent l’efficacité de la riposte nationale.
Parmi ces cas, 43 % concernaient des personnes nées à l’étranger, dont une partie aurait été contaminée après leur arrivée sur le territoire.
Malgré les progrès dans la prise en charge, le nombre de nouvelles contaminations reste significatif et montre que la vigilance reste nécessaire.
Entre 2014 et 2023, les jeunes sont de plus en plus nombreux à découvrir leur séropositivité, malgré un accès élargi aux outils de prévention.
Selon l’agence, les diagnostics ont progressé de 41 % dans cette tranche d’âge, tandis qu’ils reculent chez les 25-49 ans.
A l’international
Pour la première fois depuis 1988, les États-Unis ont décidé de ne pas commémorer la Journée mondiale du sida en 2025. Les employés du Département d’État et les organismes financés par Washington ne peuvent pas utiliser de fonds publics ni communiquer publiquement sur la journée, même si le travail de prévention et de traitement se poursuit.
Cette décision s’ajoute aux coupes importantes dans l’aide internationale, notamment via le programme PEPFAR, pilier historique de la lutte mondiale contre le VIH. Des millions de personnes dans le monde pourraient ainsi perdre l’accès aux traitements ou à la prévention.
Pourquoi ces reculs sont un danger
Le recul dans la commémoration et dans le financement fragilise un pilier essentiel de la lutte contre le VIH : la visibilité publique. La prévention, le dépistage et l’information, indispensables pour contrer la stigmatisation et encourager les comportements protecteurs, risquent de perdre de leur force.
Les diagnostics tardifs en Europe et en France montrent que, malgré les progrès thérapeutiques, l’accès au dépistage reste insuffisant. Beaucoup découvrent leur séropositivité trop tard, ce qui compromet l’efficacité des traitements et augmente les risques pour la santé publique.
Enfin, le recul américain en matière d’aide internationale pourrait réduire gravement les services de prévention et de traitement dans les régions vulnérables, avec un risque de rebond des infections et de milliers de décès évitables.
Jamais l’urgence n’a été aussi grande
Le soutien associatif, l’engagement citoyen et la solidarité internationale sont plus que jamais essentiels pour protéger les personnes vulnérables et continuer à progresser dans la lutte contre le sida. Dépistage, traitements accessibles, prévention, information et visibilité doivent rester au cœur des stratégies pour que l’épidémie ne reprenne pas le terrain perdu.

















