Plus d’un an après les premiers actes homophobes commis à leur encontre, un couple d’enseignants installé à Lairoux, dans le sud de la Vendée, fait toujours l’objet de menaces anonymes. Après une accalmie de plusieurs mois et un premier classement sans suite, l’affaire a rebondi cet automne avec l’envoi d’un nouveau courrier, cette fois adressé au lycée où travaille l’une des victimes. Une enquête est de nouveau en cours.
Les faits débutent en octobre 2024. À l’époque, Hugo et Thomas* découvrent sur la porte de leur maison un message écrit au marqueur : « Pas de pédés en Vendée ». La gendarmerie ouvre immédiatement une procédure pour injures homophobes. Le couple dépose plusieurs plaintes au fil des mois, alors que les attaques s’intensifient : tags sur les murs de leur propriété, dégradations importantes dans une dépendance, courriers menaçants déposés sur leur volet ou glissés dans leur boîte aux lettres, véhicule rayé avec des inscriptions insultantes.
Parmi les épisodes, la découverte en novembre 2024 d’une pièce entrouverte dans leur habitation, saccagée de l’intérieur. Outre les insultes peintes sur les murs, les auteurs avaient ouvert les arrivées d’eau, brisé du matériel informatique, éventré une palette de granulés et renversé divers objets. « C’est à ce moment-là que nous avons compris que quelqu’un avait franchi un cap », confiait alors Hugo.
Après plusieurs mois d’investigations, avec relevés d’empreintes, auditions, analyses, le parquet classe finalement la procédure sans suite à l’été 2025, faute d’éléments permettant d’identifier l’auteur ou les auteurs. Le répit est bref : dans la nuit du 30 septembre au 1ᵉʳ octobre, de nouvelles menaces de mort homophobes sont découvertes au domicile du couple. Une plainte supplémentaire est déposée.
Le 19 novembre 2025, le harcèlement franchit un seuil inédit. Une lettre anonyme est envoyée directement au lycée Atlantique de Luçon, où enseigne Hugo. Le courrier, à caractère explicitement homophobe, vise non seulement l’enseignant mais son lieu de travail. L’Éducation nationale réagit immédiatement : le proviseur alerte la direction académique, qui saisit la préfecture, le parquet et la gendarmerie. L’enquête est confiée à la brigade de recherches de Fontenay-le-Comte.
Pour les deux hommes, cette intrusion dans la sphère professionnelle accroît leur inquiétude. « Jusque-là, les attaques visaient notre vie privée. Désormais, on touche à l’école, à nos collègues, à nos élèves. Cela ajoute une gravité supplémentaire », résume Hugo sur France Info. Le couple dit vivre dans une vigilance permanente : volets fermés, trajets modifiés, déplacements limités. « On n’a plus de vie normale », témoigne-t-il.
Si la réaction institutionnelle est jugée « exemplaire », les victimes regrettent l’absence de positionnement politique clair. « Nous avons contacté le maire, les élus locaux, les députés. Peu ont répondu, et aucun n’a pris publiquement la parole contre ces violences », déplore le couple. Le maire de Lairoux avait toutefois publié un message de condamnation sur la page officielle de la commune en novembre 2024.
L’enquête se poursuit pour tenter d’identifier l’auteur du courrier adressé au lycée. Pour Hugo et Thomas, elle représente aujourd’hui leur principal espoir. « On veut pouvoir vivre chez nous en sécurité. On demande simplement que cessent ces menaces et que justice soit faite. »
Nous adressons tout notre soutien à ce couple et rappelons à toutes les victimes de violences LGBTphobes qu’elles ne sont pas seules. La solidarité et la justice doivent les protéger.
* Prénoms modifiés.

















