Selon les données publiées par Trans Lives Matter à l’occasion du Trans Day of Remembrance (TDoR), 367 décès de personnes trans et de genre divers ont été signalés dans le monde entre le 1ᵉʳ octobre 2024 et le 30 septembre 2025. Ce total a été légèrement réévalué à la hausse (369) lors de mises à jour ultérieures, intégrant des signalements reçus après la publication initiale. Ces données, issues de signalements communautaires, de remontées associatives et d’articles de presse locaux, proposent un périmètre plus large que celui des seuls homicides confirmés.
De son côté, l’Observatoire des féminicides trans (Trans Murder Monitoring, TMM), coordonné par l’organisation TGEU, recense 281 homicides confirmés sur la même période. Ce chiffre peut également évoluer à la marge à mesure que de nouveaux cas sont vérifiés. L’écart entre les deux bilans ne traduit pas une incohérence, mais des méthodes de comptabilisation différentes. Le TMM ne retient que les meurtres confirmés, après un travail de vérification rigoureux, souvent long, en particulier dans les pays où les violences visant les personnes trans sont peu documentées. Trans Lives Matter adopte une approche plus large, incluant aussi des décès dont les circonstances restent floues, insuffisamment enquêtées ou non classées.
Dans de nombreuses régions, notamment en Amérique latine, en Asie du Sud ou en Europe de l’Est, les organisations locales font état d’obstacles récurrents : absence ou faiblesse des enquêtes, refus de reconnaître la transidentité des victimes, mégenrage dans les documents officiels, pressions familiales ou sociales limitant la visibilité de ces violences. Ces pratiques alimentent une sous-déclaration persistante.
Ces écarts illustrent la difficulté à produire des données exhaustives et fiables. Les chiffres publiés chaque année dans le cadre du TDoR constituent un repère essentiel, mais restent en-deçà de la réalité vécue par les personnes trans. Les associations plaident pour un meilleur recueil statistique, des enquêtes systématiques en cas de décès suspect et une protection renforcée dans un contexte de montée des discours transphobes observée dans plusieurs régions du monde, y compris en Europe.
En France comme ailleurs, ces données montrent que les personnes trans figurent toujours parmi les populations les plus exposées aux violences physiques, aux discriminations et à l’exclusion sociale. Pour les militants, l’enjeu est de faire de ces temps de mémoire des leviers politiques concrets, afin d’obtenir des politiques publiques durables en matière de prévention, de protection et de reconnaissance des droits.
Chaque chiffre renvoie à une vie perdue. Derrière les bilans officiels, de nombreux parcours restent invisibles. Le Trans Day of Remembrance n’est pas seulement un moment de recueillement : c’est un appel à l’action.
















