Une pétition a été lancée pour protester contre un séminaire organisé cette semaine en Ardèche par un groupe protestant évangélique.
Retrouver une «saine hétérosexualité». Voilà ce que propose «le séminaire de restauration» organisé par le groupe protestant évangélique Torrents-de-vie qui se déroulait cette semaine à Viviers, en Ardèche. D’après la brochure, ce stage, d’un coût de 410 euros par personne, aborde divers points parmi lesquels la «restauration du vrai féminin» et du «vrai masculin».
Torrents-de-vie, qui avait dû renoncer en 2011 à un séminaire similaire à Toulouse en raison d’un vaste mouvement de protestation, est l’une des nombreuses filiales de Desert Stream, une organisation américaine fondée en 1980 par un leader de la mouvance «ex-gay», Andrew Comiskey. Récemment apparues en France, ces thérapies promettant de guérir du «péché» de l’homosexualité inquiètent au plus haut point les associations homosexuelles. Une pétition pour demander au gouvernement de «dénoncer et interdire ces traitements qui poussent des milliers de gays et lesbiennes dans une spirale d’autodestruction – pouvant aller jusqu’au suicide» a réuni 30.000 signatures.
Dans une déclaration faite en novembre dernier, le coordinateur de Torrents-de-vie en France, le pasteur Werner Loertscher, s’était défendu d’être homophobe. «On n’est pas homophobes dans le sens d’être contre la personne homosexuelle, on est pour la personne homosexuelle, mais si elle veut changer, on l’accompagne dans cette recherche. Tout être humain a le droit de chercher une solution pour ce qui ne va pas dans sa vie.»
Des séminaires dans dix pays
L’hypothèse de l’homosexualité comme maladie curable est discréditée depuis longtemps dans les milieux scientifiques. Depuis 1990, l’Organisation mondiale de la santé a rayé l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Dans une résolution signée en 1997, médecins, psychiatres et psychologues affirment que non seulement l’homosexualité n’est pas une tare, mais qu’il n’existe aucun traitement efficace permettant de réorienter la sexualité d’une personne.
Plus récemment, le père de ces «traitements» utilisés par Torrents-de-vie a fait volte-face en dénonçant ses propres recherches. Le psychiatre de renom Robert L. Spitzer s’est en effet excusé pour une étude publiée en 2001 qui affirmait que la «thérapie réparatrice» pouvait fonctionner pour certains homosexuels «très motivés». «Je veux m’excuser auprès de toute personne gay qui a perdu son temps et son énergie dans une thérapie réparatrice», a-t-il écrit en mai dans une lettre.
Mais même dans les cercles chrétiens, on reconnaît de plus en plus l’inutilité de tels programmes de conversion. Fondée aux États-Unis en 1976, la confédération chrétienne Exodus International regroupe toutes les organisations (dont Desert Stream) qui aident les homosexuels à «dompter leurs pulsions». Or son président Alan Chambers a déclaré début juillet que ces traitements étaient non seulement inefficaces mais dangereux. Marié et père de deux enfants, il confie au New York Times avoir toujours autant de «désir homosexuel». Pour lui, l’homosexualité reste un péché mais il est impossible de le soigner.
Si le mouvement ex-gay a été sérieusement ébranlé par ce désaveu de l’intérieur, l’organisation Desert Stream, elle, semble peu perturbée. Le groupe évangélique a fait défection d’Exodus International et compte bien poursuivre sa «tournée» mondiale. Selon l’association All Out, de nouveaux séminaires de «réorientation» sont prévus dans une dizaine de pays: Australie, Finlande, Angleterre, Lituanie, Pays-Bas, Philippines, Suisse et États-Unis.
source:http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/07/20/01016-20120720ARTFIG00364-tolle-contre-un-stage-pour-soigner-l-homosexualite.php