L’Iran et l’Égypte ont contesté mardi 9 décembre la décision de consacrer leur rencontre du Mondial 2026 à un « Pride match », censé mettre en lumière les droits des personnes LGBTQIA+. La FIFA n’a pas encore officiellement commenté ces réactions, mais la polémique s’installe.
D’après plusieurs médias internationaux, la rencontre Égypte–Iran, programmée en juin 2026 à Seattle, a été identifiée la veille comme l’une des affiches dédiées à la visibilité LGBTQIA+. La ville américaine accueille une communauté importante et historiquement active en matière de droits LGBTQIA+, ce qui expliquerait le choix de cette localisation. La décision serait antérieure au tirage au sort, qui a placé les deux nations dans le groupe G aux côtés de la Belgique et de la Nouvelle-Zélande.
Téhéran dénonce une décision « irrationnelle »
Le président de la Fédération iranienne de football, Mehdi Taj, a fermement rejeté cette initiative, qualifiant la démarche d’« irrationnelle » et accusant la FIFA de « favoriser un certain groupe ». L’Iran entend déposer un recours auprès de l’instance internationale, selon la télévision d’État.
Cette prise de position intervient dans un contexte politique où les minorités sexuelles et de genre restent particulièrement vulnérables. Les relations homosexuelles sont illégales en Iran, passibles de lourdes peines, et peuvent, dans certains cas, conduire à l’exécution. Les autorités iraniennes réagissent régulièrement à toute initiative internationale perçue comme un soutien explicite aux droits LGBTQIA+.
L’Égypte adopte la même ligne
La Fédération égyptienne a également émis des objections, d’après la presse locale.
Si l’homosexualité n’est pas formellement criminalisée en Égypte, le gouvernement utilise des législations floues relatives à la « débauche » pour arrêter et poursuivre des personnes LGBTQIA+. De nombreuses ONG documentent des rafles, des arrestations arbitraires et des campagnes de surveillance en ligne ciblant ces communautés.
Pour les deux pays, la désignation du « pride match » entre en collision avec des systèmes politiques et judiciaires qui répriment sévèrement les expressions publiques de diversité sexuelle ou de genre.
Une initiative qui interroge la stratégie de la FIFA
La désignation de matchs dédiés aux droits LGBTQIA+ s’inscrit dans une série d’initiatives de visibilité engagées par la FIFA et certaines fédérations occidentales ces dernières années, pour promouvoir l’inclusion au sein du football international.
Mais ce type d’action soulève des questions récurrentes : comment concilier ces démarches symboliques avec la participation de pays criminalisant les personnes LGBTQIA+ ? Et comment garantir la sécurité des supporters ou des athlètes concernés, en particulier lors d’événements mondiaux impliquant des États répressifs ?
Réaction de STOP homophobie
L’association STOP homophobie « prend acte des réactions de l’Iran et de l’Égypte » et estime que la contestation des deux fédérations « met en lumière un enjeu essentiel : l’inclusion des personnes LGBTQIA+ dans le sport international ne peut plus dépendre des sensibilités politiques de certains États ».
L’organisation rappelle que l’initiative de la FIFA n’est « ni une provocation, ni un privilège accordé à un groupe », mais « un rappel simple et nécessaire : le football appartient à toutes et à tous, sans distinction d’orientation sexuelle ou d’identité de genre ».
STOP homophobie appelle l’instance internationale à maintenir le dispositif et à « affirmer clairement que les droits humains ne sont pas négociables », tout en réaffirmant sa solidarité avec les communautés LGBTQIA+ iraniennes et égyptiennes.
Une polémique révélatrice
Les réactions iranienne et égyptienne illustrent la persistance d’un conflit entre les ambitions affichées d’inclusion dans le sport mondial et les réalités politiques de certains participants.
Elles rappellent aussi que la visibilité LGBTQIA+ continue de provoquer une opposition frontale de la part de gouvernements qui nient ou criminalisent ces identités.
À quelques mois du coup d’envoi du Mondial 2026, cette controverse s’ajoute aux nombreuses tensions géopolitiques entourant déjà la compétition, coorganisée par les États-Unis, le Canada et le Mexique.
La FIFA devra désormais préciser si elle maintient cette initiative et comment elle répondra aux contestations de deux pays où les droits LGBTQIA+ restent parmi les plus menacés au monde.

















