L’Église catholique ne reviendra pas sur l’autorisation des bénédictions pastorales accordées aux couples de même sexe, a indiqué le cardinal Víctor Manuel Fernández, chef de la doctrine au Vatican, dissipant ainsi les interrogations sur un possible revirement sous le pape Léon XIV.
« Je ne pense vraiment pas que le pape Léon souhaite revenir en arrière. La déclaration restera en vigueur », a affirmé jeudi 3 juillet le cardinal argentin lors d’une interview accordée au quotidien italien Il Messaggero.
Cette prise de position marque la première confirmation publique et explicite que la ligne instaurée par le pape François sera poursuivie par son successeur. En décembre 2023, la publication de Fiducia Supplicans, un document doctrinal, avait ouvert la voie à la bénédiction de personnes engagées dans des « situations irrégulières », y compris les couples homosexuels.
Le texte précisait toutefois que ces gestes pastoraux ne sauraient être confondus avec le mariage, réservé par l’Église à « l’union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme », et prohibait tout rite ou prière pouvant semer la confusion.
Un climat de contestation
La décision de François avait provoqué une fronde immédiate dans plusieurs parties du monde, en particulier en Afrique, où des évêques ont dénoncé un texte inapplicable dans leur contexte culturel. Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa et figure influente de l’Église africaine, avait jugé qu’autoriser de telles bénédictions créerait « scandale et confusion » sur un continent où l’homosexualité reste massivement rejetée.
Ambongo, qui avait été considéré comme un possible papabile lors du conclave ayant élu Léon XIV, avait précisé que sa position avait reçu l’aval de Rome, y compris du pape François, qui avait qualifié l’Afrique de « cas à part » en raison de la perception culturelle particulièrement négative de l’homosexualité.
Léon XIV dans la continuité
Depuis son élection en mars dernier, le pape Léon XIV, ancien secrétaire d’État du Vatican, entretenait le flou sur ses intentions concernant la délicate question des bénédictions. Certains prélats, comme le cardinal Jean-Claude Hollerich, avaient évoqué la possibilité d’une « réinterprétation » de Fiducia Supplicans sans pour autant envisager son abolition.
L’intervention de Fernández dissipe aujourd’hui ces incertitudes : malgré un pontificat qui s’annonce plus conservateur sur d’autres sujets, Léon XIV semble donc bien décidé à maintenir la porte entrouverte par François en matière d’accueil pastoral des personnes LGBT.
Pour nombre de catholiques progressistes, cette décision incarne une Église qui, sans renier sa doctrine, tente de répondre à la réalité des fidèles. Pour ses détracteurs, elle demeure une ligne rouge qui entame la clarté de l’enseignement catholique sur le mariage et la sexualité.









