États-Unis : Trump met en cause l’affichage de drapeaux « Pride » sur propriétés privées

Donald Trump a relancé la polémique autour des droits LGBT+ aux États-Unis. Interrogé dans le Bureau ovale par un journaliste d’un média d’extrême droite, le président républicain a affirmé qu’il « n’aurait aucun problème » à voir des drapeaux « Pride » retirés de propriétés privées dans la capitale fédérale.

La question, posée par Brian Glenn, correspondant de Real America’s Voice et compagnon de l’élue trumpiste Marjorie Taylor Greene, portait sur le drapeau Progress Pride flottant dans le quartier animé de la 14e rue, haut lieu de la vie LGBT+ à Washington. « Beaucoup de gens se sentent menacés par ce drapeau », a affirmé Glenn, reprenant des discours récurrents de la droite radicale assimilant la visibilité transgenre à la violence.

Trump a acquiescé : « Alors ils poursuivront, et ils gagneront avec la liberté d’expression… Mais je n’aurais aucun problème avec ça. » Le président a aussitôt comparé le drapeau Pride à l’acte de brûler le drapeau américain, qu’il juge inacceptable et qu’il souhaiterait rendre illégal. Pourtant, la Cour suprême a confirmé depuis 1989 que brûler le drapeau national relève de la liberté d’expression protégée par le Premier amendement.

Escalade anti-trans

Ces déclarations interviennent alors que les attaques verbales contre les personnes trans s’intensifient dans le camp conservateur. La veille, Ronny Jackson, ancien médecin de la Maison Blanche devenu élu du Texas, avait qualifié les personnes trans de « virus » et de « cancer », appelant à les « retirer des rues et d’internet ».

Les organisations de défense des droits LGBT+ dénoncent une rhétorique de plus en plus dangereuse. « Interdire les drapeaux Pride sur des propriétés privées constituerait une violation flagrante de la liberté d’expression et un signal alarmant pour notre communauté », a réagi Ash Lazarus Orr, porte-parole d’Advocates for Trans Equality. Pour Delphine Luneau, de Human Rights Campaign, « ces propos ne font qu’alimenter la haine et mettre des vies en danger ».

Enjeux constitutionnels

Aux États-Unis, l’affichage de symboles sur une propriété privée est protégé par la Constitution au titre de la liberté d’expression. Toute tentative de l’interdire se heurterait immédiatement à des recours judiciaires. Trump lui-même a reconnu qu’une telle mesure serait contestée, sans pour autant renoncer à flatter une base électorale réceptive aux discours hostiles aux minorités sexuelles et de genre.

Au-delà de la provocation, ces sorties s’inscrivent dans une offensive plus large : multiplication de projets de lois restreignant les droits des personnes trans, campagnes de désinformation, et instrumentalisation des symboles LGBT pour mobiliser un électorat conservateur.

Symbole de résistance

Pour les associations, le drapeau arc-en-ciel et ses déclinaisons, du Progress Pride au drapeau trans, incarnent bien plus qu’une bannière : ils sont un signe de visibilité et de résilience. « Les attaquer, c’est vouloir effacer les personnes qu’ils représentent », résume un militant de Washington cité par le Washington Blade.

À un peu plus d’un an de la présidentielle américaine, ces polémiques traduisent la place centrale que l’extrême droite entend donner aux questions de genre et de sexualité dans le débat public, au risque d’attiser encore la violence contre les minorités.